Les patrons et chefs d'entreprises qui revendiquaient un certain nombre de mesures, notamment celles liées au régime dérogatoire pour les pièces de rechange et les matières premières d'appoint n'ont eu, en fin de compte, qu'une moitié des revendications. Il n'y a pas eu d'exonération de recours au crédit documentaire pour les entreprises productrices, mais il y a eu plutôt un léger assouplissement pour les besoins dits «imprévisibles» en pièces de rechange et matières premières. Cet assouplissement a été donc introduit dans la loi de finances complémentaire 2010. Le paiement des importations par le seul moyen d'une lettre de crédit demeure une religion inchangée, mais un assouplissement est apporté par la LFC 2010 à propos du transfert libre de fonds, fixé auparavant à 100 000 DA par la Banque d'Algérie dans le cadre de ses prérogatives en matière de réglementation des changes. Le seuil de non-recours obligatoire au Credoc est révisé à la hausse par la loi de finances complémentaire 2010. Le relèvement du montant des transferts libres de fonds ne concerne pas tous les produits importés. Autrement dit, les fournitures concernées par cet assouplissement doivent répondre exclusivement aux impératifs de production. Les commandes unitaires opérées dans ce cadre dépassent le seuil de 2 millions de dinars. Au-delà de cette somme le Credoc est automatiquement appliqué. Les opérateurs économiques ont réclamé le montant de 8 millions de dinars mais cela n'a pas été retenu et pris en considération par le gouvernement. L'avis de la CIPA Mehenni Abdelaziz, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), joint hier par nos soins, a précisé que «nous ne sommes pas contre le Credoc, mais nous demandons à ce qu'il ne soit pas associé à l'outil de production, il doit être appliqué à ceux qui font uniquement dans l'importation». «Nous nous sommes pour une normalisation, on doit ressembler à tous les pays du monde, le crédit documentaire est utilisé de par le monde, la chose qui est nouvelle dans le cas de l'Algérie est que cette exigence a eu un impact sur la trésorerie des entreprises publiques ou privées», explique notre interlocuteur. «En tant que partenaire social, nous avons travaillé en commission et nous avons créé deux commissions, l'une pour l'amélioration des relations entre la banque et l'opérateur et la seconde pour le Credoc», précise M. Mehenni. «Effectivement, nous avons proposé un assouplissement du Credoc dans le sens que les entreprises nationales puissent bénéficier des ouvertures d'un crédit au niveau de la banque (ouverture par signature en attendant que les produits arrivent», a-t-il dit avant d'ajouter que «durant cette période qui peut durer trois à quatre mois, la trésorerie de l'entreprise ne peut pas être affaiblie et l'outil de production continue de tourner sans d'éventuelles difficultés financières». De son côté, Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), a refusé de faire tout commentaire ou déclaration sur le maintien du Credoc par les autorités publiques. «Je n'ai aucune déclaration à faire dans la conjoncture actuelle», nous a-t-il dit dans un entretien téléphonique ; il a toutefois précisé qu'une assemblée générale est en préparation pour discuter des nouvelles donnes économiques et des décisions prises par les membres du patronat.