Comme annoncé dans notre édition du 5 septembre dernier, les bandes de brigands sévissant dans la région nord du Sahel se sont reconverties dans l'enlèvement d'étrangers, une activité qui rapporte gros. En effet, dans la nuit de mercredi à jeudi derniers, une bande de malfaiteurs a enlevé 7 étrangers, 5 français, un malgache et un togolais dans la région d'Arlit au Niger où la société Areva exploite une mine d'uranium. Arlit est aussi une localité de contrebande. Des dizaines de hangars érigés par la mafia de la ville servent de lieu d'entreposage de produits de contrebande (cigarettes, pièces de rechange, produits alimentaires et même de la drogue et des armes). Chaque jour, des dizaines de véhicules 4x4 entrent et sortent de la ville sans aucun contrôle, affirme notre source M. Salah. Suite aux arrestations répétées des contrebandiers et au dispositif de lutte contre les trafiquants menés par les services de sécurité algériens au niveau des frontières, les groupes de contrebandiers qui agissent individuellement se sont tournés vers le rapt d'étrangers. Rappelons que dans la même édition, nous avons signalé que les brigands maliens étaient les plus dangereux et qu'ils étaient craints aussi bien par les contrebandiers nigériens que par les groupes de Belmokhtar, obligés de payer une taxe pour faire passer leurs marchandises, ce qui explique le silence autour de cet enlèvement depuis jeudi dernier. Ces groupes maliens très mobiles disposent de lieux de retraite à Arlit, Assamkha au Niger et à Tin Zaouatine en Algérie, seulement les frontières algériennes sont fortement surveillées. A ce jour, l'enlèvement n'a pas été revendiqué. Les ravisseurs, encore nouveaux dans ce genre d'activité, préfèrent vendre leur «marchandise» aux supposés groupes d'Aqmi ou à d'autres négociateurs qui en tireront profit en réclamant une rançon. La situation actuelle d'Aqmi n'est pas en mesure de traiter cette affaire du fait que son émir national Abderrahmane Droudkel, alias Abou Mossaab Abdelwadoud, affaibli par les multiples redditions de ses lieutenants et la mutinerie d'un bon nombre de ses groupes, notamment ceux du sud, envisage de se repentir, ce qui fait dire à un repenti du GIA ayant connu le chef du GSPC que «l'Aqmi a d'autres soucis que de kidnapper des étrangers». Les spécialistes en matière de terrorisme ainsi que les animateurs des chaînes publiques françaises persistent à attribuer cet enlèvement à l'Aqmi, une hypothèse qu'ils défendent bec et ongles devant les téléspectateurs, sans pour autant détenir des informations fiables. Des contrebandiers pensent que les ravisseurs sont des maliens de la région de Gao et qu'ils servaient de guide aux troupes de Belmokhtar pendant de longues années.