La France a confirmé hier qu'elle était prête à «engager le contact à tout moment» avec Al-Qaïda, qui a enlevé sept personnes dont cinq Français au Sahel, et assuré qu'une opération militaire n'était pas à l'ordre du jour, par la voix de son chef d'état-major des armées. Dans la nuit du 15 au 16 septembre, cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour la plupart collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), ont été enlevés à Arlit, dans le nord du Niger. L'enlèvement a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a précisé qu'elle ferait parvenir ultérieurement des «demandes légitimes» à la France. «Bien sûr, les autorités françaises sont prêtes à engager le contact à tout moment ; la seule difficulté que nous ayons, c'est que, comme d'habitude dans ce genre d'affaire, ce sont les preneurs d'otages qui sont les maîtres du temps», a expliqué l'amiral Edouard Guillaud sur Europe 1. «L'intervention militaire n'est pas, à l'instant où je vous parle , à l'ordre du jour. Pour l'instant, nous établissons la situation dans l'urgence, comme à chaque prise d'otages et les forces militaires sont là en soutien de notre diplomatie», a-t-il ajouté, estimant que la vie des otages n'est pour le moment «pas directement menacée». La France privilégie la voie de la négociation Le ministre de la Défense Hervé Morin avait ouvert jeudi la porte à une forme de négociations, déclarant que la France espérait «pouvoir entrer en contact avec Al-Qaïda». Nous ne sommes «absolument pas prêts à leur céder en toute circonstance ; la France comme d'autres pays l'a d'ailleurs montré des fois précédentes», a assuré l'amiral. Il a cité Nicolas Sarkozy selon lequel le paiement de rançons n'est pas une stratégie durable, tout en nuançant : «Tout est fonction des circonstances». La France avait ainsi semblé privilégier la voie de la négociation, directe ou indirecte, dans l'affaire de l'enlèvement d'un otage français au Mali, Pierre Camatte, relâché fin février par Aqmi qui avait obtenu la remise en liberté par Bamako de quatre islamistes. Mais cette stratégie n'avait pas été possible, selon les autorités françaises, pour Michel Germaneau, dont Aqmi a annoncé l'exécution fin juillet, en représailles à un raid franco-mauritanien au Mali, au cours duquel sept djihadistes avaient été tués. La France est en «guerre contre Al-Qaïda», avait alors jugé le Premier ministre François Fillon. Les otages au Sahel, que l'armée française tente de localiser, sont au Mali, a assuré le chef d'état-major. «Pour autant que nous le sachions, ils sont en vie, mais nous n'avons pas à cette heure de preuve formelle, nous avons un faisceau d'indices». «Les armées françaises sont mises à contribution pour d'abord établir une cartographie de cette zone grande comme six fois la France, composée de désert de cailloux, de montagnes et de sable, avec un peu de végétation et des campements qui peuvent être des campements de touaregs, de caravaniers, de trafiquants, ou des campements d'Aqmi», a détaillé l'amiral. Les groupes français Areva et Vinci ont décidé d'évacuer tous leurs salariés expatriés des sites miniers du nord du Niger, a-t-on appris vendredi auprès des deux entreprises. L'évacuation des expatriés travaillant sur le site minier d'Arlit (1000 km au nord-est de Niamey), où a eu lieu l'enlèvement, avait déjà été annoncée.