Abdelhak Layada, fondateur du Groupe islamique armé (GIA), a affirmé que les sept moines français ont été tués à Tibhirine dans la wilaya de Médéa par le GIA. Contacté hier par nos soins, l'ancien émir du GIA est catégorique : les services secrets français ont doublé les autorités algériennes et traité directement avec les ravisseurs : «Je dis au président français, si vous étiez honnête envers vous-mêmes, d'abord puis envers votre poste de président de la République, vous n'auriez pas réagi de cette manière pour l'assassinat des sept moines. Vous réagissez de la sorte pour 7 moines alors que vous oubliez les crimes coloniaux commis en Algérie par les autorités françaises, notamment les crimes du 8 Mai 1945 ainsi que les essais nucléaires à Reggane qui ont fait des milliers de victimes et dont les conséquences sont toujours d'actualité. Pour cette histoire de Tibhirine, une grande trahison a été commise par l'Etat français. Je dirai que c'est une double trahison des services secrets français, la DST et la DGSE. Premièrement, envers les autorités algériennes, et deuxièmement, envers les groupes islamiques armés. En effet, les services secrets français n'ont pas informé les autorités algériennes quant à leurs négociations avec le GIA pour la libération de Abdelhak Layada. Quant à la deuxième trahison, il s'agit du non-respect par les Français de l'accord conclu avec le GIA pour la libération des moines. Le missionnaire français, attaché militaire à l'ambassade de France à Alger, avec le grade de général, qui a donné son accord préliminaire pour ma libération n'a été en fait engagé que pour espionner le GIA. C'est pour cette raison que le GIA a décidé d'achever les sept moines. Je voulais dire que Sarkozy s'attaque en ce moment précis à l'Algérie pour plusieurs raisons d'ordre politique, sécuritaire et économique. Politique, car il y a un vide politique considérable en France qui a été remarqué dans sa gestion interne. Economique, car il faut voir les conséquences de la crise mondiale sur la France, alors que l'Algérie en est épargnée, donc il s'agit là d'un acharnement. Une autre raison, c'est que les entreprises françaises n'ont pas pu avoir, ces dernières années, des marchés d'investissement en Algérie. Toutes ces raisons ont poussé la France à réagir de la sorte en s'attaquant à notre pays. Mais il ne faut pas oublier encore la position de l'Algérie vis-à-vis de la question sahraouie alors que la France est du côté du Maroc et non de l'humanité.»