Depuis plusieurs années, l'association nationale SOS troisième âge en détresse «Ihcène» ne cesse de réitérer des recommandations concernant l'amélioration des conditions de vie des personnes âgées. Bien que des mesures sociales aient été prises de façon à permettre à la personne âgée d'avoir un toit, et ce, par la création d'institutions spécialisées telles que les foyers d'accueil, la situation empire de jour en jour au point où des vies de personnes âgées sont en danger. Le foyer d'accueil n'est pas une solution, selon l'association en question. Le placement dans un foyer n'est assurément pas le souhait des personnes âgées, d'autant que cette pratique n'est pas conforme à nos mœurs et coutumes. Si l'existence de ces centres est imposée aujourd'hui par la vie moderne, il convient cependant de limiter au maximum le recours au placement dans ces centres. C'est ce que d'ailleurs revendique l'association Ihcène à travers sa présidente Mme Souad Chikhi, qui a estimé qu'il conviendrait plutôt de prendre des mesures de façon à favoriser le maintien des personnes âgées «à domicile», au lieu de les placer dans des maisons d'accueil. Mme Chihki entend par mesures des conditions d'accès strictes à ces centres, et cela sur la base d'un dossier et d'une enquête entreprise par une assistante sociale, «car la personne âgée désespérée ne se trouve pas forcément dans un foyer d'accueil, mais aussi au sein d'un cadre familial des plus normaux. Il n'y a qu'à voir la maltraitance physique ou morale de ces personnes incapables de se défendre», souligne-t-elle. Pour une amélioration des foyers Par ailleurs, «il paraît impérieux d'améliorer les conditions d'hébergement. Toute personne âgée qui se trouve par obligation dans ces foyers a droit, à titre d'exemple, à une dotation journalière, en relevant des budgets alloués à ces centres», précise la présidente. Mettre en adéquation le bâti en fonction des besoins des personnes âgées, améliorer l'hygiène et le confort, renforcer le personnel médical et paramédical font partie des demandes avancées par Mme Chikhi. Elle insiste également sur un point qui la préoccupe : celui de la séparation des personnes âgées des malades mentaux. Mme Chikhi l'exprime solennellement et avec insistance auprès du ministère de la solidarité. «Il ne s'agit pas d'une demande seulement mais d'une supplication. Tous les ans, nous réitérons notre requête, mais les choses ne s'améliorent pas. Je ne nie guère les efforts fournis par les autorités ces dernières années. Mais il n'en demeure pas moins que les mesures entreprises ne sont pas suffisantes. J'insiste de ce fait sur la séparation impérative des personnes âgées des malades mentaux. Il se passe des choses horribles dans ces centres. Afin d'éviter des dégâts, je vous supplie de faire quelque chose dans ce sens». Plan social La présidente de l'association Ihcène nous explique clairement qu'il faut élaborer un travail de fond pour offrir une vie décente aux sujets âgés, et ce, à commencer par les mairies. «Nous sommes prêts à collaborer avec les APC. Nous devrions commencer par le recensement des personnes âgées dans chaque commune, notamment les nécessiteux et les malades. Ce recensement vise une meilleure maîtrise des groupes de cette catégorie. Et ce, nous le répétons, sur la base d'enquêtes des services sociaux», précise-t-elle. Notre interlocutrice insiste également sur l'organisation d'une vie sociale en faveur des personnes âgées afin qu'elles se sentent intégrées dans leur milieu social, et ce, en créant des espaces de loisirs et de détente, voire des espaces culturels pour ces personnes. Sur le plan économique Toutes les mesures citées ci-dessus ne pourraient être mises en œuvre que s'il y a des sources solides de financement, vu que l'état ainsi que les caisses de sécurité (qui ne couvrent que leurs assurés) ne suffisent pas à elles seules à faire face à toutes ces charges que va induire la mise en place du dispositif en question : «Il est suggéré de créer une caisse ou un fonds social de solidarité propre à la tranche du troisième âge, ce qui assurerait aux personnes âgés démunies ou ayant de faibles ressources une vie décente sur le double plan sanitaire et social», déclare le secrétaire général de l'association Ihcène, Salim Oulmane. Ce dernier affirme que 20% de la population algérienne souffrent de pauvreté, avec un revenu fixé à un dollar par jour. Le troisième âge est exposé particulièrement à ce fléau : «Ce dysfonctionnement social et le comportement individualiste qui rongent notre société sont deux éléments annonciateurs d'un délaissement total des plus âgés».