L'arrestation hier en France de 12 islamistes présumés intervient à un moment où la menace terroriste est jugée très sérieuse par les services de renseignement de ce pays. Il est même évoqué l'imminence d'actes comparables à ceux qui ont ébranlé Paris en 1995. Les services de sécurité français ont procédé hier à l'arrestation de douze individus présentés comme proches ou faisant partie de la mouvance islamiste. Ces interpellations, qui interviennent dans deux dossiers distincts, rappellent l'ampleur de la menace qui pèse non seulement sur la France mais sur l'Europe toute entière, comme l'a résumé le ministre français de l'Intérieur devant les membres de l'Assemblée nationale. «Oui, il existe actuellement en Europe et en France une menace terroriste», avait déclaré M. Hortefeux qui a rassuré les députés quant aux mesures draconiennes de sécurité prises par le gouvernement suite aux avertissements américains sur l'imminence d'attentats terroristes et en réaction aux menaces proférées par Aqmi. La preuve en est donnée par Ryad Hannouni, un activiste islamiste arrêté samedi à Naples, en Italie, en possession de kits de fabrication d'engins explosifs. Cet individu était en relation avec trois hommes en France, les mêmes qui ont été interpellés par les policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) après que leurs coordonnées furent découvertes dans les affaires de Hannouni. Ces hommes seraient membres d'une cellule de logistique islamiste proposant des hébergements et des faux papiers aux djihadistes qui rentrent en France après avoir suivi un entraînement dans la zone pakistano-afghane. Ryad Hannouni, 28 ans, est né à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et a vécu en France. De retour des zones tribales de la frontière pakistano-afghane, où il aurait combattu auprès des talibans, Hannouni a été repéré par la police italienne qui l'a placé sous étroite surveillance puis interpellé. Paris a demandé son extradition, la justice souhaitant l'interroger sur les «filières afghanes», en particulier les combattants tentés par un retour en Europe occidentale. Son extradition devrait intervenir dans quelques semaines, après la fin des investigations de la police italienne. Des armes de guerre et des munitions L'autre élément qui inquiète les Français : l'arrestation dans la même journée de 9 individus activant dans les milieux islamistes du sud de la France. Menée par la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) à Marseille et Avignon, l'opération s'est soldée par la récupération de «quelques armes, dont une kalachnikov et un fusil à pompe, ainsi que plusieurs munitions». Cette opération s'est faite sur commission rogatoire d'un juge antiterroriste parisien dans une affaire en cours d'«association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». On n'en sait pas davantage sur cette opération qui semble cependant corroborer les propos de Brice Hortefeux qui a souligné à maintes reprises l'existence d'un «éventail de présomptions» sur d'éventuels attentats dans l'Hexagone. Les menaces d'Aqmi, qui détient en otage 5 ressortissants français dans le désert malien, ne sont pas prises à la légère. Bien au contraire, Paris redoute que des d'autres filières islamistes solidement implantées en Europe, interviennent pour le compte d'Aqmi, dont on sait l'incapacité à frapper en territoire européen. Raison qui pousse le gouvernement français à dépêcher son ministre de l'Intérieur à Luxembourg pour «faire le point» avec les ministres de l'Intérieur européens. Et à tenir compte des avertissements des autorités américaines. Ces dernières ont invité dimanche leurs ressortissants à redoubler de vigilance face à des risques potentiels d'attentats en Europe, notamment lorsqu'ils visitent des sites touristiques ou empruntent des moyens de transports très fréquentés.