Lourdement sanctionnés par l'Office national du hadj et de la omra (ONHO), les opérateurs touristiques privés dénoncent la politique d'injustice exercée à leur encontre visant à les «écarter du marché», ce qui augure le retour au monopole du secteur public. Exclues cette année de participer à l'organisation du Hadj 2010, les agences de voyages estiment que la démarche «machiavélique» entreprise par l'ONHO vise à les marginaliser et ce, dans le but de programmer la monopolisation du secteur. L'opération a été réservée, pour rappel, uniquement aux deux agences étatiques, à savoir le Touring club Algérie (TCA) et l'Office national algérien du tourisme (Onat) qui prennent en charge 14 000 pèlerins. Bien évidemment, l'Office national du hadj et de la omra se réserve la plus grande partie, soit 22 000 hadjis. Cette décision prise par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs intervient suite aux nombreux désagréments qu'avaient causés les opérateurs privés aux pèlerins lors de l'organisation chaotique de la omra 2010. Dès leur retour, les pèlerins avaient en effet dénoncé d'innombrables dépassements, notamment le problème d'hébergement, de transport et de prise en charge. Les concernés n'ont pas hésité à soulever leur «évaluation négative de ce voyage» à l'Office national du hadj, lequel a saisi le ministère du Tourisme et de l'Artisanat qui a infligé aux 32 agences de voyages concernées par l'opération du hadj ainsi qu'à toutes les autres une deuxième sanction. Elles seront concernées par un agrément à durée déterminée, renouvelable tous les 3 ans. Contacté par nos soins hier, Chérif Menacer, vice-président du syndicat national des agences de voyages et propriétaire de Timgad Voyages créée depuis 30 ans et qui participe à l'organisation à l'opération du pèlerinage depuis 25 ans, a estimé que l'Etat a décidé d'écarter les professionnels afin d'imposer sa mainmise sur le secteur. Il ajoute dans le même contexte, que «cette sélection exclusive a été faite sans explication». Il rappelle dans ce contexte que «les agences de voyages et de tourisme ont été écartées dans l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations de l'Angola, dans celle de la Coupe du monde et actuellement dans celle du hadj 2010». Il affirme par ailleurs que «c'est la concurrence déloyale qui règne dans le secteur». Selon lui, parmi les 32 agences de voyages ayant participé à l'opération de la omra 2010, quatre uniquement ont failli à leur mission, alors que les instances concernées ont pénalisé l'ensemble des opérateurs. «Les autorités peuvent faire une enquête en mettant en place une commission chargée d'identifier les agences concernées», propose-t-il. «La loi doit être révisée» Pour sa part, le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a estimé que l'ONHO a généralisé les sanctions à l'ensemble des opérateurs, alors que quelques agences de voyages et de tourisme ont manqué à leur devoir. Une révision de la loi qui régit le secteur est, selon lui, nécessaire dans la conjoncture actuelle, afin de délimiter les responsabilités et assainir le secteur qui compte 900 opérateurs privés à l'échelle nationale. Le représentant de l'UGCAA tient à remercier l'association caritative de la Mecque pour avoir pris en charge quelque 300 pèlerins algériens restés sans prise en charge sur les Lieux Saints lors de la dernière omra.