C'est demain que le Premier ministre Ahmed Ouyahia présentera sa déclaration de politique générale à l'Assemblée populaire nationale (APN). Un véritable exercice face aux députés qui l'ont maintes fois interpellé sur le bilan du gouvernement, «gage de transparence», selon eux, de la gestion des affaires publiques. Ouyahia donnera ainsi, pour la première fois depuis décembre 2008, où il a présenté devant les élus le plan d'action du gouvernement, le bilan détaillé de l'action de ce dernier pour l'année 2009 et le premier semestre de l'année 2010 mais aussi et surtout en deuxième partie de son intervention, il abordera l'important programme quinquennal de développement pour la période 2010 à 2014, son volume financier et ses objectifs en matière de développement humain et économique. Ainsi, cette déclaration de politique générale dont nous possédons une copie est avant tout une déclaration-bilan de la présence de M. Ouyahia à la tête du gouvernement. Il rendra compte donc au Parlement de l'exécution «durant 18 mois de son plan d'action pour la mise en œuvre du programme présidentiel et explicitera le contenu et les objectifs du nouveau programme quinquennal». Le Premier ministre abordera dans la première partie du document qui comporte quatre chapitres, «l'état de développement national à l'issue de 18 mois d'efforts de janvier 2009 à juin 2010». Il sera question notamment de l'amélioration de l'environnement du citoyen et du développement où sont développés plusieurs aspects. Ouyahia s'étalera ainsi sur la lutte contre le terrorisme, l'amélioration de la sécurité publique, la poursuite de la réforme de la justice ainsi que l'amélioration du service public et du développement local. Dans le deuxième chapitre qui porte sur la consolidation du développement humain, le Premier ministre abordera l'éducation nationale, la recherche scientifique et l'enseignement supérieur, l'habitat et la santé, ainsi que la lutte contre le chômage et le renforcement du pouvoir d'achat. Plus «économiques», les 3e et 4e chapitres seront consacrés au renforcement des infrastructures de base, notamment les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, ainsi que le volet relatif à la poursuite du développement économique, à travers lequel sera passé en revue l'état des finances, de la balance des paiements et de la croissance économique. Intitulée é» Le programme quinquennal, consistance et finalité», la deuxième partie du document abordera l'ampleur et le poids de ce programme, l'aménagement et le développement du territoire, le développement humain et le confortement de la compétitivité économique nationale. Le Premier ministre aura donc à présenter les grandes lignes de l'ambitieux programme présidentiel de 286 milliards de dollars. M. Ouyahia estime que cette période se conjugue avec la fin d'une décennie d'intenses efforts de rattrapage de déficits sociaux et économiques légués par une crise multiforme. «Dès lors, et tout en poursuivant son développement humain, notre pays est désormais plus à même de consacrer davantage de ressources au développement d'une économie diversifiée», dira-t-il, estimant qu'«aujourd'hui, l'Algérie est à même de consolider la transition rationnelle entre la reconstruction de l'outil économique national et sa pleine insertion dans l'économie universelle qui demeure un choix résolu du gouvernement». Lutte antiterroriste et crime organisé «La menace terroriste sur la sécurité des citoyens et des biens a très fortement régressé même si la vigilance est toujours requise», estime M. Ouyahia, ceci grâce à «la courageuse politique de concorde civile puis de réconciliation nationale, engagée par le président de la République, avec un appui quasi unanime du peuple souverain». Cette politique a permis, selon lui, «l'avènement d'un consensus national contre le terrorisme, contribuant à l'isolement des derniers groupes terroristes rejetés par la population», précise-t-il encore, insistant sur la volonté des pouvoirs publiques «à mettre en œuvre rigoureusement les dispositions énoncées dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale». Il réitérera toutefois la détermination de l'Etat à «tendre la main» à ceux d'entre eux qui «veulent encore se ressaisir pour bénéficier de la clémence de leur pays». «La lutte contre les derniers résidus du terrorisme sera poursuivie avec la même détermination et aboutira à la disparition totale de ce fléau dan notre pays», avertit-il, rappelant que «la sécurité publique et la préservation de la quiétude des citoyens constituent depuis quelques années l'un des grands chantiers de l'Etat». Ainsi tout en rappelant que «ce chantier a mobilisé de grands moyens pour résorber les retards et doter le territoire national d'une couverture en services de police conforme aux normes universelles», le Premier ministre abordera aussi les efforts de l'Etat dans la lutte contre toutes les formes de criminalité et d'atteinte à l'intégrité ou à la quiétude des citoyens. Des efforts qui ont fait reculer la violence criminelle de près de 32% entre 2006 et 2009. Il reste à poursuivre ces efforts, selon lui, et à mettre aussi un terme aux atteintes anarchiques à l'ordre public. «Cet objectif sera concrétisé (…) avec le concours de la société dans la réhabilitation totale de l'esprit civique». Croissance économique stable Le Premier ministre précise que la croissance économique en Algérie est restée stable en 2009 (2,4 %), alors que l'inflation a grimpé (5,7%). Cette situation a été le résultat d'une forte injection monétaire découlant de la dynamique des investissements et de la hausse des salaires, explique-t-il. La croissance du PIB hors hydrocarbures a atteint, quant à elle, 9,3% en 2009. Le secteur de l'agriculture a réalisé une année exceptionnelle en 2009 avec une croissance de 20%, selon le document, grâce à la surface agricole utile accrue de 300 000 ha entre 2005 et 2008 notamment. Le secteur du bâtiment et des travaux publics a réalisé une croissance de 8,7% en 2009, selon les données du Premier ministre. Le secteur du BTP a consommé près de 250 milliards DA de crédits en 2009. Première source de richesse après les hydrocarbures avec un apport de 36%, le secteur des services marchands a connu une croissance de 8,8% en 2009, grâce notamment à la dynamique en matière de télécommunications, à l'activité de transport et à celles des banques dans la création d'entreprises, en plus du tourisme et de l'artisanat. Beaucoup de réalisation et d'acquis seront également passés en revue, chiffres à l'appui, par le Premier ministre, dans divers secteurs. Ouyahia explique les grandes lignes du plan quinquennal Le programme d'investissement public, doté d'un budget de 286 milliards de dollars, constitue, pour le Premier ministre, «le socle et le moteur d'une vision et d'une politique de développement définies par le chef de l'Etat». Le Premier ministre expliquera demain devant les députés toute son ampleur et son poids, tout en tentant de justifier le reliquat du programme 2005/2009 qui a bénéficié dune rallonge financière de 130 milliards de dollars, il donnera «3 raisons objectives», pour ce faire, notamment les extensions substantielles qu'a connues le précédent programme, les retards dans certains projets… Dorénavant, «nul projet ne peut être mis en œuvre si son étude n'est pas achevée et si l'assiette foncière n'est pas encore disponible», dira Ouyahia, qui rappellera d'autres mesures relatives au respect des procédures en matière des dépenses publiques, de renforcement du rôle des contrôleurs financiers et de la répression de tout acte d'atteinte aux deniers publics. Ce programme sera financé par des ressources nationales exclusivement. «Tout emprunt extérieur demeurera exclu conformément aux directives déjà prononcées par le président de la République», dira Ouyahia, car «le Trésor public dispose d'une épargne substantielle de plus de 4000 milliards DA». Ce programme «global» intègre également l'aménagement du territoire, aspect fondamental du développement. Le Premier ministre évoquera à ce titre les budgets qui seront affectés pour tous les projets dans ce sens. «Dans sa dimension spécifique à la promotion des instruments d'aménagement du territoire et de protection de l'environnement qui en est indissociable, le programme quinquennal 2010 à 2014 a mobilisé près de 500 milliards DA», notamment pour la promotion et la réalisation de 4 villes nouvelles (Sidi Abdallah, Bouinane, Boughezoul et El Ménéa), auxquelles s'ajoutera la ville nouvelle de Hassi Messaoud, prise en charge par le secteur de l'énergie, et la construction de près d'une centaine d'infrastructures nouvelles dédiées à la protection de l'environnement. Le secteur des transports mobilisera, quant à lui, 2816 milliards DA (soit près de 40 milliards de dollars), alors que le développement humain consommera plus de la moitié des investissements publics durant la période 2010-2014, soit la somme de 10.122 milliards de dinars. Il sera aussi question de la réalisation de 2 millions de logements. Le secteur a bénéficié, à lui seul, de la somme de 3.709 milliards DA. Hormis ces secteurs, il est également question de la «renaissance de l'industrie nationale» et des moyens mobilisés pour la relance industrielle.