Interrogé par le président d'audience, Omar Belkherchi, les inculpés sont revenus sur leurs déclarations, laissant entrevoir leur intention d'accabler un des inculpés en fuite. Les quatre inculpés ont emporté un peu plus de 13 milliards de centimes en coupures usagées. Il convient de rappeler que cette affaire qui a défrayé la chronique en 2001 a fait l'objet de plusieurs procès qui se sont terminés en 2003 par la condamnation des quatre (un encore en fuite et fait l'objet d'un mandat d'arrêt) inculpés à purger une peine de réclusion à perpétuité. Tandis que les autres inculpés au nombre de six ont été condamnés à des peines allant de l'acquittement à des peines de 3 ans de prison ferme. C'est le cas de l'une des filles du principal inculpé et cerveau du gang, T. Mohamed, 67 ans, ex-gendarme et employé en qualité d'agent de sécurité au sein de la BDL sise à Ali Boumendjel, laquelle a été condamnée à 3 années de prison ferme. Homicide volontaire, détention d'arme à feu et de cartouches sans autorisation, vol qualifié, faux et usage de faux de documents officiels ont été les quelques chefs d'inculpation retenus contres les dix personnes impliquées dans cette affaire. Les faits remontent à 2001 lorsque T. Mohamed, qui était en congé annuel, accompagné de trois de ses complices, ont investi les lieux de ladite banque, sujette à des travaux de rénovation, pour y dérober un peu plus de 13 milliards de centimes. C'était le premier jour du week-end (jeudi soir) et les cambrioleurs avaient toute la nuit et le jour du vendredi pour accomplir leur forfait. A la barre, T. Mohamed, l'ex-gendarme qui fut arrêté en détention de l'arme à feu qu'il aurait détenu depuis 1962, a reconnu les faits qui lui sont reprochés, à l'exception de l'homicide commis sur la personne de Mimoun, agent de sécurité avec lequel il exerçait au sein de cette banque au même titre que deux autres complices. L'épouse de T. Mohamed, employée au sein du corps de la santé, qui fit l'objet de saisie d'une grande quantité d'or acheté avec l'argent volé par son époux, a été poursuivie pour non-dénonciation de criminels. C'est au domicile de cette dernière, à Kouba, que le butin fut caché. Le juge demanda : «Où est l'argent que tu as volé ?» A la surprise de tout le monde, T. Mohamed répondit : «Je ne sais pas.» Qui a assassiné et pendu l'agent de sécurité Mimoun ? La question de l'assassinat était au cœur de cette affaire, et au cours du procès, les inculpés se sont rejetés la responsabilité, prétextant, chacun pour sa part, ne rien à voir avec le crime. Selon l'arrêt de renvoi, «celui-ci a été retrouvé pendu et présentant une blessure au cou faite à l'aide d'un objet contondant». En réalité, la victime avait reçu un coup de pioche qui a servi aussi à trouer la dalle pour accéder à la salle des coffres. T. Mohamed avait affirmé au juge que «c'était l'agent qui m'avait demandé de l'attacher», comme pour insinuer que la victime était de mèche. Le deuxième inculpé, N. Kamel, cambiste au square Port Saïd, avait nié. «C'est moi qui a glissé 30 000 DA dans sa poche», affirme-t-il en clamant son innocence. Les inculpés, qui avaient déclaré lors de leur audition que «l'agent était de mèche», venaient de se contredire. Le juge Belkherchi était formel et d'un ton tranchant avait lancé : «Vous avez tué l'agent et vous l'avez pendu pour faire croire à un suicide.» Au terme de l'audition des inculpés, le procureur a requis la peine de mort à l'encontre de T. Mohamed de même que pour son complice N. Kamel, 10 années de réclusion criminelle pour T. Fatma Zohra, l'épouse de T. Mohamed, et 5 années de prison ferme à l'encontre des six autres inculpés. Lors de son réquisitoire, le procureur a requis l'acquittement pour un seul inculpé présent au box. A l'heure où nous mettons sous presse, pas moins de douze avocats plaidaient la cause de leurs clients respectifs durant ce procès qui ne prendra fin que tard dans la journée, voire dans la nuit. Affaire à suivre.