Réda Malek, homme politique et écrivain, a donné une conférence mercredi au 15e Sila à l'occasion de la parution de son livre Algérie : Refondation d'une nation, édité par Casbah éditions. Cette rencontre a été animée par l'ancien ambassadeur Lahcène Moussaoui. Réda Malek a apporté durant cette conférence son témoignage de combattant pendant la guerre de Libération. «En 1830, l'Algérie est restée orpheline. Ce n'est pas comme nos voisins qui étaient sous protectorat. Durant cette période, l'Algérie était livrée à l'émiettement, voire à l'extermination, car on voulait pourchasser les Algériens.» Relatant ce point essentiel de l'histoire de l'Algérie, il dira : «On ne peut oublier les horreurs que les Algériens ont vécues : le colonialisme s'est attaqué aux tribus et a cassé l'économie pour atomiser l'Algérie.» Il a ajouté que «les Algériens ont été expropriés de leurs terres et après l'insurrection de 1871, 2,5 millions d'hectares leur ont été spoliés». Il reprend une phrase d'un discours prononcé par le général Bugeaud, qui regrettait que «les Arabes n'étaient pas comme les Indiens et que cette nation était vigoureuse et si bien préparée pour la guerre». Le conférencier a mis l'accent sur le code de l'indigénat de 1902 qui était «la quintessence du colonialisme». Avant novembre 54, certains moudjahidine étaient déjà au maquis Ces nostalgiques, dira-t-il, nous disent maintenant qu'ils sont venus pour nous civiliser, il suffit de leur montrer ce code. Sur ce sujet, Réda Malek a déclaré que le code de l'indigénat devrait être enseigné dans nos écoles pour que les jeunes sachent d'où ils viennent. Il a longuement mis en avant le 1er Novembre, date du déclenchement de la Révolution où il dira que ce sont les militants de l'OS (Organisation spéciale) qui ont eu l'idée, en citant le livre d'Aït Ahmed Mémoire d'un combattant. Cependant, il ajoute qu'avant Novembre 1954, il y avait des moudjahidine comme Bentobal, Ben Boulaïd et Krim Belkacem qui étaient déjà au maquis… Il a évoqué la création des SAS (Sections administratives spécialisées) pour couper la révolution du peuple en citant un titre d'ouvrage de Pierre Bourdieu Le déracinement. «L'Etat algérien s'est créé de lui-même et il a été formé à chaud en dépassant l'esprit de tribalisme.» Quand on veut créer une nation, on doit être un citoyen libre. L'individu ne doit pas obéir au cheikh de sa tribu, il doit lever la tête et réfléchir de lui-même. «On doit être ouvert sur le monde moderne.» Il déclare également qu'il n'a pas insulté les Français, mais le colonialisme. Concernant les négociations d'Evian, il a déclaré qu'ils ont duré une année et que la France voulait garder le Sahara, Mers El Kebir et voulait qu'on donne la nationalité à un million d'Européens. A une question sur l'écriture de l'histoire, Réda Malek a déclaré que ses écrits sont des témoignages et que c'est aux historiens d'écrire l'histoire. Réda Malek (né le 21 décembre 1931 à Batna en Algérie) est un homme politique et écrivain, membre de la délégation FLN pendant les accords d'Evian. Il a été Premier ministre de l'Algérie du 21 août 1993 au 11 avril 1994. Il a été chef du parti de l'Alliance nationale pour la République (ANR), et a écrit plusieurs livres sur l'histoire. Il est l'un des fervents défenseurs de la séparation entre les pouvoirs politique et religieux. Il a publié des œuvres, tels que Guerre de libération et Révolution démocratique, Ecrits d'hier et d'aujourd'hui, Casbah Editions 2010, L'Algérie à Evian, Histoire des négociations secrètes 1956 - 1962, Arrêt du processus électoral, enjeux et démocratie.