Dans ses réponses aux parlementaires de la chambre basse au sujet de ce qui est convenu d'appeler l'affaire Djezzy, Ahmed Ouyahia n'ira pas par quatre chemins pour mettre en évidence le fait que l'Etat algérien est inéluctablement en position de force dans le traitement de ce dossier. «L'Etat rachètera Djezzy quels que soient les obstacles», lancera le Premier ministre à partir de la tribune de l'APN. Son propos aussi solennel qui soit se veut être aussi une réponse des plus implacables tranchant de façon catégorique avec toute forme de spéculation de tendance à accréditer la thèse selon laquelle les autorités algériennes seraient quelque peu fragilisées par ce même dossier constituant présentement le centre d'intérêt de l'opinion publique. Ce genre d'assertions n'est point fondé et c'est à Ahmed Ouyahia lui-même d'apporter une mise au point édifiante. En clair, il est aisé de comprendre à travers les réponses du Premier ministre que quoi qu'il en soit des élucubrations de Naguib Sawiris, patron du groupe Orascom Holding (OTH) et ses intentions mercantiles par lesquelles il espérait remplir ses poches en milliards de dollars en cédant 51% de Djezzy au russe Vimpelcom, ceci ne diminue en rien de la détermination de l'Etat algérien décidé à racheter cette filiale de téléphonie mobile. Dans ce cadre, le Premier ministre a tenu à clarifier deux aspects ne manquant pas d'importance l'un comme l'autre. Le premier a trait à cette spéculation au sujet de la vraie valeur de l'entreprise Djezzy. Une spéculation qui, à se fier aux propos du Premier ministre, est sans effet et n'embarrasse guère les autorités. «Nous avons des experts qui sont aptes à estimer Djezzy, et les chiffres balancés concernant la valeur de cette dernière ne nous intéressent pas», a répliqué Ahmed Ouyahia. Le second aspect est relatif au processus d'acquisition par l'Etat algérien de la même entreprise. A ce propos, M. Ouyahia a réitéré le fait que les autorités algériennes ne reconnaissent que le groupe OTH comme seul interlocuteur valable avec qui les négociations seront engagées. Néanmoins, et avant d'arriver à ce stade, l'entreprise Djezzy est tenue au préalable d'assainir sa situation avec ses partenaires. OTA doit honorer ses dettes En premier lieu, cette entreprise de téléphonie est tenue d'accepter le redressement fiscal de l'ordre de 230 milliards de dinars. En second lieu, Djezzy est accusée par la Banque d'Algérie de fraude dans les transferts de fonds à l'étranger, et c'est là un autre différend que la même entreprise est aussi appelée à assainir. En troisième lieu, il est question d'une dette dont il faudrait s'acquitter auprès de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications ARPT qui est également à la charge de Djezzy, tenue en outre d'indemniser les employés de Lacom, opérateur de téléphonie fixe, ayant fait l'objet de dissolution. Du coup, et pour tous ceux qui ont cru à tort que les autorités algériennes étaient «coincées» dans la gestion de l'affaire Djezzy, Ouyahia vient de démontrer on ne peut mieux clairement que c'est plutôt le contraire qui est vrai. D'ailleurs, et s'il en faut une autre preuve supplémentaire pour le démontrer, il suffirait de dire que l'opérateur Djezzy est aussi dans l'obligation de s'acquitter de 20% de la plus-value à l'Algérie au moment de la vente, et ce, conformément à la législation algérienne. Il va sans dire que Djezzy est interdite depuis de deux années d'opérer des transferts d'argent au profit notamment de la société mère. D'autre part, on retiendra que les réponses du Premier ministre aux députés de l'APN au sujet du dossier Djezzy constituent aussi un message adressé à l'endroit des opérateurs étrangers désirant se lancer dans des projets d'investissement dans notre pays. Ces derniers sont désormais avisés du fait que dans le cadre de tout projet d'investissement étranger, l'Etat algérien est d'abord souverain dans ses décisions, tout comme l'Algérie sait très bien définir ses intérêts que l'Exécutif s'emploie à préserver à titre de priorité absolue.