Le retard pris par Madrid pour se prononcer sur le massacre des Sahraouis par les autorités marocaines, lundi dernier, reflète l'ambiguïté des relations bilatérales entre l'Espagne et le Maroc. Si les condamnations de cet acte continuent d'affluer, pour bon nombre d'observateurs, le pire est encore à craindre. Cela au vu des conséquences du carnage qui s'inscrivent dans la durée. Il s'agit d'emprisonnements et des disparitions en masse des Sahraouis. Au moment où les autorités d'occupation marocaines ont imposé un blocus médiatico-sécuritaire de la ville sahraouie occupée Laâyoune, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira, ce mardi, pour étudier les derniers évènements. Un rapport sera présenté par le Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU sur l'attaque meurtrière opérée par l'armée royale soutenue par les autres forces de sécurité. Un précédent grave, «encouragé» par les alliés de Rabat, à l'exemple de la France qui est appelée à revoir son approche politique à l'égard du conflit opposant le Front Polisario au Maroc sur la base de la légalité internationale. Des observateurs craignent que la réunion du Conseil de sécurité soit biaisée, la France, membre permanent et détentrice du Veto, peut voter en faveur de la colonisation marocaine du Sahara occidental dans ce cas de figure, d'autant plus que la réunion de mardi du Conseil de sécurité intervient au lendemain de la commémoration, une semaine après, à la mémoire des victimes et des disparus sahraouis du camp de la liberté de Gdeim Izik. A ce propos une rencontre s'est tenue jeudi entre M. Kheddad, coordinateur du Front Polsiario avec la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (Minurso), M. Boukhari, le représentant du Front Polisario à l'ONU et Grant Lyall, président du Conseil de sécurité du mois en cours. Les deux responsables sahraouis ont souligné à Grant Lyall que «le Front Polisario veut que le Conseil de sécurité condamne l'attaque militaire marocaine et envoie une mission d'enquête sur place». Il est à rappeler que c'est à la demande du Mexique, membre non permanent du Conseil de sécurité, que des démarches avaient été entamé mardi dernier pour convoquer cette réunion.