A l'heure où des millions d'Algériens jouissaient de moments de plaisir après le sacrifice, les éboueurs, eux, s'attelaient à ramasser des montagnes de détritus découlant du sacrifice. «Nous avons passé la nuit à sillonner les rues de la capitale pour ramasser les déchets et autres immondices déposés par les citoyens», témoignent des agents que nous avons rencontrés lors d'une tournée nocturne à travers les artères de la capitale. Selon les responsables de Net-com, quelque 7000 agents ont été mobilisés à l'occasion de l'Aïd El Adha. Tard dans la nuit, celle-ci semblait vidée de ses habitants et seuls les éboueurs et les services de sécurité étaient omniprésents. Tous les camions étaient sur le terrain pour ramasser les milliers de tonnes de détritus provenant de l'abattage. Des odeurs nauséabondes se dégageaient des monticules d'ordures qui s'étaient constitués çà et là. Forts de leurs convictions, les milliers d'éboueurs et de balayeurs ont, sans retenue, opéré une véritable razzia, ne faisant fi d'aucun coin ou recoin des rues. «La tâche n'est pas aisée et bon nombre de nos collègues étaient éreintés et certains ont même eu des blessures dues à des tessons de bouteille ou autres os cassés dont les coins étaient aiguisés comme des couteaux», lance un des éboueurs affichant sa satisfaction d'être interrogé et laissant apparaître une joie de se dévouer au service du bien-être des citoyens. «Je n'ai pas célébré la fête avec mes enfants comme l'exige mon boulot car j'estime que le devoir passe avant toute chose. Et ce que font tous les collègues est une mission des plus nobles même si certaines personnes ne le réalisent pas», affirme ammi Amar, quadragénaire. «Il est erroné de les appeler éboueurs. A mon sens, ils méritent plutôt l'appellation de nettoyeurs.» Une véritable valse de camions et de balayeurs s'est effectuée durant toute la nuit dans Alger-centre et les communes avoisinantes qui ont bénéficié du même traitement. Dans la matinée d'hier, deuxième jour de l'Aïd, les équipes qui ont relayé leurs collègues ont effectué les mêmes gestes. Sur l'autoroute menant vers la décharge de Ouled Fayet, un aller-retour incessant s'est opéré durant toute la nuit et dès les premières heures de la journée d'hier. Les citoyens n'ont pas manqué de louer les efforts de ces milliers de personnes qui se sont adonnés à cette dure et éreintante tâche. «Chapeau bas donc à ces hommes qui n'ont pas hésité à se sacrifier au profit des autres», ont témoigné des citoyens. La plupart des personnes interrogées à ce propos n'ont pas hésité à louer le dévouement de ces hommes en employant des termes laudateurs. Une marque de respect qui s'est aisément traduite par le comportement des citoyens qui, dans tous les quartiers, se sont adonnés au volontariat en débarrassant les espaces du sang et de tous les détritus qui ont découlé du sacrifice. Il faut dire que, précédant le rituel, les imams avaient, dans leur prêche, invité les fidèles à «nettoyer les espaces, rappelant que la propreté est un des principes fondamentaux de notre religion». Pour les éboueurs, cela représente un devoir voire une mission des plus nobles.