La première ville du pays s'est débarrassée, à l'occasion de l'Aïd, des embouteillages qui empoisonnent la vie de la population. Celle-ci a été toutefois lourdement pénalisée surtout par le manque de pain et de lait. Des chaînes humaines ont été observées devant les boulangeries et les épiceries desquelles les pouvoirs publics ont exigé des permanences La capitale s'est quasiment vidée de sa population durant les deux journées de fête de l'Aïd El Adha, mardi et mercredi. Elle semblait désertée comme autrefois. C'était une aubaine et un plaisir très partagé par les nostalgiques, notamment pour ceux qui ne sortent pas de chez eux fréquemment. La circulation routière était tellement fluide que l'on se serait cru au bon vieux temps des 4 Chevaux, de la DS Palace ou de la Dauphine-Renault. A l'époque, celles-ci étaient considérées comme des voitures des temps modernes par nos parents. Ainsi, plusieurs concitoyens ont quitté la première ville du pays pour se rendre quelque part à l'intérieur du pays afin de célébrer l'Aïd en famille. Malheureusement, durant cette courte étape, tout manquait en ville. Les pétrins ont subitement cessé de fonctionner et de produire du pain. Le lait, qui se faisait déjà de plus en plus rare depuis quelques semaines, est devenu en un laps de temps, une denrée très demandée par la population algéroise avide de voir ces journées de fêtes tirer vers la fin. Pourtant, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) avait demandé à ce que tous les commerçants restent ouverts durant cette petite période, surtout les boulangers et les professionnels de l'alimentation générale. «Il n'y aura pas de pénurie de pain ni de lait pendant les journées de l'Aïd El Adha», nous ont affirmé les responsables de l'Union nationale des boulangers et du groupe industriel des productions laitières (Giplait), dans une tentative de rassurer les consommateurs. Mais, ce fut l'inverse qui s'est produit puisque les commerçants ont tout simplement préféré fuir la capitale d'autant qu'ils sont en majorité issus des autres localités du pays. Une seule boulangerie, par exemple, est restée ouverte à Belouizdad. Une chaîne humaine de plus de 50 m s'est formée également à l'entrée d'une boutique, à la rue de Tripoli, à Hussein Dey. Les gens, nombreux, étaient là à la recherche d'un sachet de lait ou d'une baguette de pain. Plusieurs quartiers de la commune de Bouzaréah, sur les hauteurs de la ville, ont souffert d'une crise aiguë de manque de pain. De longues queues étaient visibles devant les rares boulangeries ou épiceries ouvertes, pour l'achat d'un sachet de lait. Même les boîtes de lait en poudre se sont envolées durant cette période. La raison est que durant les journées de l'Aïd, des dizaines de boulangers le fêtent chez eux. En d'autres termes et si d'autres types de commerce restent fonctionnels durant l'Aïd, à l'image des pompes à essence ou des pharmacies et à un degré moindre quelques épiciers, il y a lieu de s'interroger sur les raisons de ce «faux bond» répétitif des boulangeries, c'est que le scénario se répète chaque année durant les journées des fêtes religieuses. En somme, les filières pain et lait sont en pleine crise. Cela fait des années que les professionnels du secteur attirent l'attention des pouvoirs publics sur cette situation qui pénalise grandement le consommateur. Ils suggèrent aux autorités de trouver des solutions à leurs problèmes qui risquent de mettre en péril l'avenir de ces professions avec les répercussions négatives que ceci pourrait engendrer.