Le Maroc poursuit toujours sa campagne insidieuse contre l'Algérie aussi bien à l'intérieur du royaume que dans les rues des capitales étrangères. L'agressivité des dirigeants à Rabat envers l'Algérie, redouble de férocité comme de coutume, lorsque Alger fait la sourde oreille face à cette campagne enragée. Les dirigeants marocains fortement blessés par la récente prise de position des eurodéputés dans l'affaire de la tuerie d'Al Ayoune, retournent leur absence d'efficacité diplomatique sur Alger. Il est vrai qu'ils n'ont pas d'autres arguments à faire valoir dans leur thèse d'occupation de la dernière colonie en Afrique que celui d'accuser Alger d'être la source du problème sahraoui. Les dirigeants marocains montrent chaque jour des signes de leurs errements dans cette affaire sahraouie qui recueille de plus en plus de soutiens en faveur des indépendantistes du Front Polisario, en n'hésitant point à investir des tribunes internationales où la réserve doit être de rigueur pour revenir sur la question sahraouie. Après avoir envoyé ses meutes de manifestants contre l'Algérie dans les principales capitales occidentales au lendemain de la condamnation du Maroc par le Parlement européen, le Makhzen saisit l'opportunité de la tenue à Tripoli du sommet Afrique-Europe, pour faire passer des messages dont nul n'ignore la teneur exacte : tenir l'Algérie pour responsable des maux qui rongent le continent africain. Il est peut-être vrai que le roi du Maroc ne donnerait pas l'image d'un monarque qui veut gouverner, selon les mémos des diplomates américains rendus publics par Wikileaks, seulement, ceux qui gouverneraient en son nom le font bien pour défendre les intérêts indus de ce pays dans la région maghrébine. Mohamed VI ne s'est pas rendu à Tripoli. Il a du reste toujours évité d'être présent dans les rencontres internationales aux côtés de ses pairs du monde. Cependant, dans le «message» lu en son nom par son premier ministre devant le sommet, le roi a fait passer des pics en direction de l'Algérie, sans la nommer bien sûr, pour rester un peu dans la correction. Ses faiseurs de discours lui ont monté un texte qui non seulement présente le Maroc comme un exemple de rectitude dans la «construction» de la paix et la sécurité en Afrique, mais comme le plus à même de connaître les causes des drames du continent. Pour les auteurs du discours royal, «l'une des causes de l'insécurité et de l'instabilité demeure l'ingérence dans les affaires intérieures des pays». Et de lâcher de but en blanc que «le Maroc souligne la nécessité impérieuse du respect de l'intégrité territoriale des pays africains. Il rejette les tentatives d'ingérence dans les affaires internes des pays, notamment celles qui menacent notre continent d'éclatement ou les mettent sur des sentiers d'insécurité, de guerre et d'anarchie». Il ne faut pas être grand sorcier, pour comprendre que le Maroc fait face aux yeux de ses dirigeants, à «des ingérences» dans ses affaires internes, de la part des pays qui dénient la marocanité du Sahara occidental. En fait, c'est l'ensemble de la communauté internationale qui le lui dénie, et sur la base du droit international rendu en faveur de cette question. Pour le roi «la déstabilisation des pays africains profitera uniquement aux groupes terroristes, de plus en plus actifs dans nos régions». L'allusion coule de source : les officiels marocains ont depuis l'apparition des groupes terroristes dans la région du Sahel, cherché à faire accroire l'idée saugrenue que les indépendantistes du Polisario ont des liens avec ces groupes. Des scénarios invraisemblables Des scénarios aussi invraisemblables que farfelus sont mis en évidence dans les médias marocains pour convaincre les pays puissants de prendre pour argent comptant cette allégation, mais en vain. Rabat au contraire voudrait bien que la menace terroriste se prolonge dans la région pour continuer sa campagne contre toutes les parties qui contrarient ses visées expansionnistes. Le roi voit qu'il est «indispensable d'intensifier nos actions conjointes de lutte contre les menaces transnationales, telles que le terrorisme, la piraterie, la criminalité transnationale, le trafic en tous genres et les prises d'otages, et d'inscrire nos efforts dans le cadre d'une coopération renforcée aux plans régional, sous-régional et interrégional selon une démarche solidaire et une approche inclusive impliquant l'ensemble des pays concernés». Ces belles intentions seraient saluées et applaudies vivement, si Rabat adhérait à la volonté de la communauté internationale consistant à permettre au peuple sahraoui de se prononcer librement dans un référendum, s'il est marocain ou non, s'il veut que le Sahara occidental soit partie intégrante du Maroc ou non. «Nous constatons avec inquiétude la montée récente des activités terroristes visant à déstabiliser la région et à mettre en péril la sécurité des pays de la bande sahélo-saharienne», souligne le roi, pour qui «la précarité de la situation dans cette région et les nombreux défis qui en découlent nous concernent tous et mettent en évidence la nécessité d'une coopération régionale et internationale intense et d'une approche intégrée des questions de sécurité et de développement». Et c'est dans ce passage qu'il éclaire le plus de la responsabilité directe de son royaume dans la situation d'instabilité prévalant dans la région. Rabat saborde toutes actions tendant à faire de l'ensemble maghrébin, une réalité palpable. Pourtant, le roi jette la pierre à d'autres pays de la région, avec en tête l'Algérie. «C'est dans cette perspective que nous appelons à une plus grande implication de nos communautés économiques régionales dans la mise en œuvre de la stratégie conjointe et de ses plans d'action, afin de donner à ces entités la place qui leur revient dans notre partenariat stratégique», commence-t-il. «Dans ce contexte, nous sommes pleinement convaincus du grand potentiel que recèle l'Union du Maghreb arabe en la matière, pour peu que les cinq pays maghrébins réussissent à lever les obstacles qui continuent d'hypothéquer et de retarder le plein déploiement du grand potentiel et des multiples atouts de cette union», déduit le roi. Le premier de ces obstacles réside dans l'occupation illégale du Sahara occidental. Un territoire sur lequel aucun pays au monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc.