Le font-ils par obligation ou est-ce une tartufferie ? Quoi qu'il en soit, les mendiants pourront être poursuivis juridiquement. Pour les autorités centrales du pays, la solution pour mettre un terme à la prolifération du fléau de la mendicité est de pénaliser cette pratique. C'est devant les membres de la chambre haute du Parlement que le ministre de la Solidarité nationale et de la Famille a évoqué, jeudi, le projet de loi visant à combattre la mendicité, même si elle est présentement interdite en Algérie sur le plan légal. Pour le premier responsable de la Solidarité, «cette loi pénalisera en réalité les faux mendiants qui utilisent leurs enfants pour attirer la sympathie des citoyens». Aussi, pour le département en charge du dossier, la mendicité telle qu'elle est pratiquée par certains mendiants s'apparente plutôt à un business pour s'assurer des gains faciles. Ce n'est un secret pour personne : la mendicité est, de nos jours, organisée d'une manière parfaite. Elle se base sur des réseaux agissant sur l'ensemble du territoire national et à leur tête quelques barons qui jouissent, aujourd'hui, d'une fortune énorme. Une personne demandant la charité peut, en moyenne, percevoir 1 000 DA par jour, voire 3 000 durant les périodes coïncidant avec les fêtes religieuses. Le projet de loi en question prévoit des dispositions dissuasives rigoureuses en matière de lutte contre la mendicité en Algérie, a affirmé Saïd Barkat, ministre de la Solidarité et de la Famille, tout en soulignant que «le texte législatif est en cours d'élaboration». Sur le même point, M. Barkat a indiqué qu' «une cellule composée de représentants de plusieurs secteurs a été installée en vue de proposer des mesures dans le cadre de ce projet de loi». Le ministre a ajouté que «la loi a pour objectif principal de «lutter contre les réseaux de mendicité, notamment ceux recourant à des enfants, des bébés ou des personnes handicapées». Si le texte est légiféré, «les mendiants qui utilisent toutes sortes de subterfuges risquent des peines d'emprisonnement (les délais n'ont pas été précisés), le retrait des enfants aux parents qui les exploitent dans la mendicité et leur placement dans des centres spécialisés pour les protéger et garantir leur sécurité», a expliqué Saïd Barkat. Selon lui, les mendiants membres de réseaux organisés n'ont pas besoin d'aides, car ils recourent au gain facile et rapide par tous les moyens, y compris les moyens illicites. «Ces gens-là ne méritent pas l'aumône donnée aux nécessiteux qui ont réellement besoin d'aide», a-t-il indiqué. Les vrais nécessiteux, reconnaît-on, existent en Algérie, mais ils sont déloyalement concurrencés par les clans de mendicité organisée. Enfin, il est à noter que les rédacteurs de ce projet de loi se baseront sur l'étude lancée par le ministère de la Solidarité durant le mois de février dernier.