Le calme qui a régné dans la capitale du Djurdjura durant la matinée d'hier a été rompu soudainement à 12h40. A ce moment, des grappes de jeunes avaient commencé à dresser des barricades au niveau de la rue capitaine Si Abdellah, avec des poubelles et des tôles ramenées du chantier du square. La cible était le siège de la direction de la Cnep situé juste en face, sur la grand-rue. La bâtisse a été copieusement arrosée de pierres. Les jeunes en furie s'adonnaient presque à des séances d'amusement en voyant les pierres briser les vitre de la bâtisse. En deux temps trois mouvement, cet assaut contre la Cnep a créé un mouvement de panique chez les automobilistes qui faisaient demi-tour n'importe où et n'importe comment. En un clin d'œil, les commerces ont baissé rideau. Plus d'une demi-heure plus tard, les jeunes jetaient encore des pierres sur la bâtisse sans que les forces antiémeutes stationnées au niveau du commissariat situé à une centaine de mètres de là n'interviennent. Tombent ensuite les premières grenades de gaz lacrymogènes. A la grand-rue, c'est le sauve-qui-peut. «Ce gaz est plus fort que celui utilisé lors des événements du printemps noir en 2001», ironisent les émeutiers qui s'étaient préparés pour la circonstance en ramenant des bouteilles de vinaigre et des écharpes. Les forces antiémeutes se sont déployées très vite au niveau de plusieurs carrefours et des policiers en civil munis de masques ont donné la chasse aux jeunes émeutiers à travers les ruelles adjacentes à la rue Abane. Les autres quartiers de la ville sont restés très calme mais portent toujours les traces des violences de la veille. Durant la soirée de vendredi, des dégâts ont été enregistrés au centre-ville. L'agence Air Algérie a connu des actes de vandalisme. Les émeutiers se sont introduits à l'intérieur et se sont emparés de tout ce qui s'y trouvait. L'agence de la Cnas située à la rue Lamali qui longe le CHU Nédir Mohamed a également été saccagée. La ville de Tadmaït, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Tizi Ouzou, a aussi vécu une nuit bien chaude, de violents affrontements y ont opposé les jeunes aux forces antiémeutes. D'autres scènes moins violentes ont été enregistrées à Boghni, au sud de la wilaya, toujours durant la nuit de vendredi. La police a procédé à des arrestations à Tizi Ouzou ville mais on ignore toujours le nombre exact et d'autres localités comme Aïn El Hammam ont été touchées par les manifestants. Dans cette dernière localité, l'agence BDL a été incendiée par les manifestants, avons-nous appris de sources locales.