L'artiste nous suggère des «paysages humains», l'élan vers l'amour et l'enfance, tout ce qui porte dans le geste les plus belles impulsions du cœur. A travers ces œuvres, Chegrane rend hommage à la femme dans toutes ses activités et tente alors de ranimer dans ses toiles les printemps disparus. Femmes-symboles, Femmes paix, Femmes aux oranges agrémentés d'«aouchams». Les tons se pénètrent avec des accords profonds, dans une harmonie en couleurs. Rouge cramoisi, vert, orange, baignent dans du bleu. On verra alors les faces, les ombres transparentes se colorer, où un ton ne se répète jamais identique à lui-même, mais imposer sa domination par des rappels discrets… Une symphonie spontanée. Chegrane peint la nature morte, les fruits méditerranéens et les traditions du pays Nature morte et tapis, La Casbah, Nature morte, dans un style semi-figuratif. Des séquences de l'héritage ancestral, source intarissable des images jaillis de la mémoire en éclairant surtout les traditions populaires, découvertes sans doute son enfance, idée chère à M'hamed Issiakhem pour laquelle d'ailleurs Chegrane lui rend un hommage par cette exposition. C'est le regard «bleuté» de l'artiste qui fait que les énergies vitales de la nature observée, éclatent dans ses tableaux en flammes fortes en couleur ou bien s'enferment dans des formes géométriques stables. Après avoir assimilé essentiellement l'influence d'Issiakhem, Chegrane arrive à une vision personnelle, synthèse du penchant à la construction et à la permanente effusion lyrique du genre proche de l'expressionnisme. Nourredine Chegrane est un ancien élève de M'hamed Issiakhem. Il a étudié à la société des Beaux-arts d'Alger. C'est en 1970 qu'il obtient son premier prix, puis médaille d'or au Koweït ainsi que d'autres prix au niveau national. Artiste prolifique, Chegrane a exposé dans différentes région du pays et à travers le monde, Paris, Tokyo, Berlin, Moscou, Rome…. Gestes de tendresse maternelle, d'amour ou de regards innocents, la peinture de Chegrane est chargée de symboles. Femme portant son enfant sur le dos Le peintre tient à créer par les couleurs une atmosphère pleine de tension par les formes amples, épurées de détails, rigoureusement inscrites dans la composition ou se crée un jeu de courbe et de contre-courbe. Entre le détail et l'ensemble s'établit une relation subtile, tatouage, dessins de poésie, de tapisserie, écriture en tifinagh… donnent à l'œuvre une sorte de «vapeur « métaphysique qui ne fait qu'approfondir la connaissance de la réalité représentée. Chaouia, Deux sœurs, Nostalgie, Espoir. Les lignes courbes, ondulantes et continues peuvent à elles seules dire les flux, les reflux, les élans et les chutes, les repos et les efforts de ces femmes dans les travaux de champs de femme portant son enfant sur le dos. Dans ce paysage bleu qui s'enfonce, leur corps prend un éclat de soleil, lueur chaude … c'est la symphonie populaire.