Interdit depuis le 14 septembre 2010, le trabendo est de retour depuis lundi dernier dans les rues de la Basse-Casbah. «Il s'appelle comment déjà le ministre de l'Intérieur ?» «Ould Kablia !» Dans les rues de la Basse-Casbah, la dernière sortie médiatique du ministre de l'Intérieur - pour qui le gouvernement n'a jamais donné instruction d'éradication les marchés informels - n'est pas passée inaperçue. Bien au contraire, elle a été retournée dans tous les sens et abondamment commentée. Prenant au mot M. Ould Kablia, des centaines de jeunes trabendistes tout sourire ont en effet étalé leurs marchandises, lundi, dans les artères de la Basse-Casbah. Que ce soit devant la mosquée Ketchaoua, à la rue Amar El Kama, à Bab Azzoun ou à la place des Martyrs, le décor est redevenu le même qu'il y a quatre mois. Dans la vieille ville d'Alger, le trabendo est donc de retour. La reprise est encore timide, mais bien réelle. C'est que les vendeurs voulaient sonder les services de sécurité et voir leur réaction avant d'oser s'investir pleinement dans ce type d'activité hors circuit. Cette prudence s'explique par les différentes saisies de marchandises des trabendistes qui avaient cherché à défier les policiers en vendant sur les trottoirs, même après l'interdiction du trabendo. Pour cette première journée, la police n'est pas intervenue contre l'occupation de la voie publique et la vente illégale de produits de toutes sortes. Ce qui a conforté les trabendistes dans leur initiative, c'est surtout la levée du dispositif sécuritaire instauré à la faveur des émeutes qui ont éclaté depuis mardi dernier à Bab El Oued et Oued Koriche notamment. Pour rappel, un important dispositif de sécurité a été déployé dans la nuit du mardi 14 septembre 2010 dans la Basse-Casbah. Sans préavis, la police avait pour mission d'interdire le trabendo qui étranglait le quartier et le rendait inaccessible à la circulation automobile et qui poussait à la fermeture les commerces légaux. Après une période d'attente, marquée par quelques échauffourées entre policiers et trabendistes, les vendeurs s'étaient résignés à quitter les lieux en voyant le dispositif maintenu 24h sur 24. Les rues de la basse Casbah ont été donc accessibles aux automobilistes qui ne demandaient que cela. Mais voilà que jeudi 6 janvier, les policiers allaient renforcer le dispositif antiémeute au jardin Taleb Abderrahmane et les Trois horloges, à Bab El Oued, tout en laissant le champ libre aux trabendistes. La présence des caméras de surveillance a quelque peut dissuadé l'occupation immédiate de la voie publique. Mais quand le ministre de l'Intérieur à nié, samedi 8 janvier dans son intervention télévisée, toute volonté du gouvernement de s'attaquer frontalement aux marchés parallèles, c'est la ruée sur les chaussées et les trottoirs ! Il s'est trouvé même des jeunes trabendistes qui ont reproché à la presse écrite d'être à l'origine de l'interdiction du trabendo dans cette partie de la ville ! Si le retour du marché informel à la place des Martyrs se précise, il en est autrement de celui du chef-lieu de Bachdjarrah, un des plus importants de la capitale en termes de nombre des vendeurs. Depuis trois jours, des jeunes affrontent continuellement la police, devant le centre commercial Hamza, pour tenter de reconstituer le marché informel éradiqué à la mi-octobre 2010.