Il a fait un temps printanier hier. Le soleil, anormalement chaud pour la saison, est venu comme par élan généreux irradier les lendemains de folie d'un pays qui s'installe dans une énième convalescence. Le peuple tranquille, celui qui n'a pas investi les rues, n'a pas allumé de feu et n'a pas dévalisé les magasins Adidas. L'armée de braves pères de famille a ouvert les yeux sur une journée venue d'ailleurs, surgie d'un autre temps. Il fait chaud en janvier et l'armée de braves pères de famille, comme les autres, a regardé vers le ciel. Tout le monde peut voir le soleil et sentir sa chaleur, même en janvier. Il n'a pas fait chaud au petit matin du vendredi et il a fallu attendre que passe le petit froid glacial du matin pour accéder à la générosité du soleil d'été en hiver. Avant ça, il y a encore une petite «chaîne» à faire devant l'épicier du quartier, parce que soleil ou pas, émeutes ou fin d'émeute, le lait est toujours problématique. Tellement problèmatqaiue qu'on se demande s'il n'aurait pas mérité une émeute à lui tout seul, Monsieur le lait. Le soleil était peut-être prévu dans le bulletin météo, mais pas avec ce niveau de splendeur. Normal, il faut bien qu'il accompagne le reste. Et le «reste» est plein de splendeurs. Figurez-vous, on attendait le sucre à 90 dinars à un moment précis. Il est arrivé à moins de 90 dinars et plus tôt que prévu. Le gouvernement a solennellement annoncé la annoncé la «mesure» mais s'est entouré des précautions d'usage. Il était question de répertorier de vieux stocks soient, de rembourser des commerçants et d'autres mesures techniques d'accompagnement. Il fait un soleil printanier et l'huile est à 500 dinars au lieu de 600 et elle est arrivée une semaine avant. On savait qu'un malheur n'arrivait jamais seul, on découvre qu'il arrive au bonheur de venir accompagné d'un autre bonheur. Oui, avec ou sans printemps en hiver on a fini par comprendre que les prix de l'huile et du sucre en fait n'étaient pas fixés, mais «plafonnés». On ne fixe pas les prix dans une économie de marché, mais on les plafonne, pour que l'Etat rentre dans ses… subventions. Oui on subventionne en économie de marché, on «rassure» les commerçants informels sur leur avenir de commerçants informels, on «dément» la rumeur qui fait état de l'imposition du chèque et l'obligation pour les grossistes de présenter certains documents à leurs fournisseurs. Les bonheurs, décidément, se bousculent à nos portes. Il fait chaud, trop chaud pour que le printemps en hiver soit honnête. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir