Les risques d'aiguisement de la crise politique née de la chute du cabinet Hariri après que le Hezbollah et ses alliés ont démissionné du gouvernement mercredi s'accentuent et la crise au Liban pourrait être de longue durée, tant le sentiment de perplexité règne au pays. Nul en effet ne semble avoir une idée exacte sur la suite des événements et les difficultés se profilent déjà pour la formation d'un nouveau gouvernement en raison de la poursuite du bras de fer autour du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Dans ce flou, il n'y a que le chef de l'Etat qui affichait une certaine sérénité. Après avoir reçu Albert de Monaco et tout en annonçant après une rencontre avec Nabih Berry qu'il entamera lundi, les consultations avec les groupes parlementaires pour nommer un nouveau Premier ministre, après avoir chargé le gouvernement de M. Hariri d'expédier les affaires courantes. Sur le plan local, beaucoup de contacts, de concertations sont attendus dans les prochains jours, en prévision de ces consultations. Le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a laissé entendre que le parti chiite et ses alliés n'allaient pas proposer le nom de M. Hariri. Mais il a pris soin de n'avancer aucune candidature de substitut. Selon des experts, c'est le groupe parlementaire de 12 députés de Walid Joumblatt qui pourrait faire pencher la balance en faveur ou non de Saad Hariri, dont il était l'un des plus proches alliés avant de s'en démarquer. Un communiqué du Hezbollah a indiqué vendredi soir que M. Joumblatt a rencontré le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sans donner davantage de détails. Le chef du Hezbollah s'était rendu à Damas, dans la nuit de mercredi à jeudi, pour y rencontrer le président Assad. A son tour, M. Joumblatt sera reçu aujourd'hui par le chef de l'Etat syrien. Des sources proches du bloc politique de M. Joumblatt assurent que si ce dernier bascule sous la pression exercée contre lui, il ne pourra entraîner à sa suite que cinq autres personnalités de son camp, les inconditionnels Akram Chehayeb, Waël Bou Faour et Ghazi Aridi, le député sunnite Alaëddine Terro, qui est membre du PSP, ainsi que le député Elie Aoun. Par contre, ni Nehmé Tohmé ni Marwan Hamadé ne le suivraient, encore moins les autres députés chrétiens élus sur sa liste. La décision du second député sunnite, Mohammad Hajjar, étant aléatoire. Par ailleurs, la position du député Nicolas Fattouche demeure une inconnue. Tout se jouerait donc sur deux ou trois voix car, selon les pointages, pour être majoritaire, le courant de l'opposition, qui dispose de 57 voix au Parlement, doit encore en attirer huit autres pour avoir la moitié plus une des voix nécessaires et bénéficier d'une majorité. Il n'est donc pas dit que Saad Hariri ne peut être réélu, encore que le jeu semble très serré. Pour sa part, M. Boutros Harb annonçait qu'une réunion élargie de la majorité se tiendra aussitôt que M. Hariri sera à Beyrouth. «Nous ne formerons plus un gouvernement comme celui qui vient de s'effondrer», a-t-il affirmé, confirmant l'effondrement de l'accord de Doha. Et de préciser qu'en cas d'inversionde la situation, la majorité ne participera pas au gouvernement et se cantonnera dans l'opposition.