Alertée par les manifestations violentes enregistrées dernièrement en Algérie, à cause de l'augmentation des tarifs des produits alimentaires de première nécessité, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a remis hier un document comprenant des propositions au gouvernement, et ce, dans la perspective d'éviter un rebondissement du soulèvement populaire. L'UGCAA craint l'instabilité sociale qui sera traduite par les protestations populaires si des augmentations éventuelles sont opérées sur les produits de base, à l'exemple du sucre et de l'huile. Joint hier par nos soins, le porte-parole de l'UGCAA, M. Boulenouar affirme que les opérateurs économiques se préparent à réviser les prix à la hausse, et ce, en perspective de l'application à partir du 31 mars, date fixée pour l'application de la nouvelle mesure portant obligation de payement par chèque bancaire toute somme d'un montant égal ou supérieur à 500 000 dinars. Les opérateurs veulent, selon lui, faire répercuter la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les prix de produits de large consommation. Cette mesure de paiement découle, selon un communiqué récent du gouvernement, d'une disposition de la loi de février 2005 relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Elle a été précédée par la modernisation des systèmes de télécompensation des instruments de paiement au niveau du réseau bancaire. M. Boulenouar ajoute dans ce contexte que les barons de l'informel font dans la spéculation pour augmenter les prix. «Une manière de mettre la pression sur le gouvernement, afin qu'il revienne sur sa décision», a-t-il indiqué. L'UGCAA estime aussi que le marché noir deviendra une force contraignante et causera des pertes considérables à l'économie nationale. Le marché noir veut imposer sa loi L'UGCAA a établi une série de propositions dont le gouvernement a été destinataire. Elle propose que le dossier du marché informel fasse l'objet de recherche et de débat, mais de manière approfondie et bien étudiée, afin de mettre en place une stratégie efficace de lutte contre ce phénomène qui prend de l'ampleur. Tous les départements ministériels doivent conjuguer leurs efforts dans l'objectif de mettre un terme à la prolifération du marché noir, en commençant par la révision de la réglementation de la fiscalité en vigueur et revoir la TVA à la baisse, dans le but de préserver le pouvoir d'achat. Selon lui, ces dispositions permettront, entre autres, la création de nouveaux postes d'emploi. L'UGCAA appelle, par ailleurs, les autorités à ouvrir les espaces commerciaux fermés, notamment les Galeries et les anciens Souks el fellah, afin d'ouvrir de nouveaux horizons aux commerçants et aux demandeurs d'emploi. Il insiste, par la même occasion, sur la création des marchés de proximité et l'extension des marchés hebdomadaires. L'UGCAA demande à ce que le travail des gardiens des parkings auto, qui emploient 15 000 personnes de manière informelle, soit régulé. Pour les vendeurs de devises, dont le nombre est estimé à 10 000 personnes, ils doivent être orientés dans un cadre organisé, à travers la création de bureau de change.