Après une éclipse qui aura duré quelques semaines, le mouvement de redressement du FLN revient à la charge. Objectif : assainir le parti et l'épurer des «intrus et arrivistes». Les redresseurs, qui comptent désormais s'attaquer aux «causes de la discorde et de la division», dans le cadre d'une conférence nationale prévue à cet effet, n'écartent pas la tenue entre temps d'un congrès extraordinaire. Dans une déclaration rendue publique à l'issue d'une première rencontre nationale ayant regroupé tous les cadres du parti issus de 46 wilayas, les redresseurs, qui entament désormais «une nouvelle étape», dixit l'actuel coordinateur, Mohamed Seghir Kara, étape de «choc frontal» avec l'actuelle direction du FLN, à sa tête Abdelaziz Belkhadem, dont ils veulent visiblement à tout prix la tête, projettent de constituer une commission indépendante «composée de cadre reconnus (…) qui aura pour mission d'assainir la liste des membres du comité central (CC) et l'épurer des intrus et arrivistes et de ceux qui ne remplissent pas les conditions statutaires». Les signataires du document, au nombre de 231 (ministres sénateurs membres du CC…), précisent qu'«une fois assaini et doté d'une nouvelle direction», le comité central sera chargé de «s'attaquer aux causes de la discorde et de la division pour aboutir à une restructuration conforme aux préceptes de la démocratie réelle». Rappelant en détail les griefs retenus contre Belkhadem et les multiples crises qui secouent le parti (identitaire, de confiance, d'organisation, de fonctionnement de représentation…), les signataires de la déclaration, qui appellent les fidèles du parti à refuser le fait accompli, leur demandant de s'inscrire dans leur démarche, comptent organiser une conférence nationale regroupant les cadres du parti reconnus pour leur militantisme en vue de «procéder à l'évaluation de la situation générale du parti». De nouveaux mécanismes ainsi qu'une feuille de route «pour les prochaines étapes seront proposés», précisent encore les rédacteurs du document, qui notent l'éventualité de la tenue d'un congrès extraordinaire. Selon ces mêmes rédacteurs, qui «assument leur entière responsabilité», cela permettra aux militants et militantes de se préparer à affronter sereinement les prochains défis électoraux, «rassurés sur l'unité de leurs rangs, la crédibilité des positions du parti, la transparence de ses sources de financement, tout en aspirant à la modernisation de son organisation». Ils ont tenu toutefois à préciser que leur action, qui s'inscrit dans la perspective de redressement du parti pour lui rendre son authenticité, par des moyens légaux, «n'est dictée par aucune partie ou autre couverture». Comment comptent-ils cependant gérer cette nouvelle étape ? L'actuel coordinateur nous fera savoir que le mouvement sera doté d'une direction collégiale que présidera Salah Goudjil, «le plus âgé d'entre nous, militant avéré, qui sera capable d'assurer cette période de transition», dira Kara. La nouvelle direction sera composée, selon notre source, d'une vingtaine de membres qui seront connus à l'issue d'une réunion prévue pour le week-end prochain. La direction actuelle, qui ignore totalement le mouvement de redressement, réunit aujourd'hui son groupe parlementaire pour évoquer notamment la situation politique actuelle du pays. «Une fuite en avant», selon Kara.