Hier, c'était la débandade dans les rangs des «redresseurs». Belkhadem vient d'essuyer sa première grande défaite. La nouvelle semble avoir laissé groggy l'ensemble des «meneurs» du comité dit de redressement du FLN. Beaucoup d'entre eux étaient injoignables hier. Les autres ont tenté, tant bien que mal, de faire contre mauvaise fortune bon coeur. Il en est ainsi d'Abdelwahid Bouabdallah qui, en apprenant la nouvelle, a commencé par mettre en avant son «respect de la justice dont toutes les décisions demeurent souveraines, ne souffrant aucun commentaire». Cela, avant d'ajouter que «cela n'entame en rien notre détermination puisque nous continuerons à nous battre dans le strict respect des lois de la République». Ce député démissionnaire tente de faire admettre, en somme, que si une bataille a été perdue, la guerre est, quant à elle, loin d'être tranchée. Les «redresseurs», qui ont tenu en urgence une réunion dans un lieu tenu secret, et à laquelle tous les responsables n'ont pas pu assister, selon ce qu'on a pu apprendre, ont résolu d'animer une conférence de presse ce matin. En attendant, leur porte-parole, que nous avons pu joindre hier par téléphone, Mohamed-Seghir Kara, a tenté d'interpréter à son avantage la décision rendue par la justice en faveur de Ali Benflis et de la direction nationale du FLN, issue du 8e congrès de ce parti. Ce dernier, citant les termes de la décision, avant que les attendus n'en aient été dévoilés, met en avant «l'incompétence dont se serait déclaré le Conseil d'Etat sur le fond de cette affaire». Lors de la conférence de presse de ce matin, à laquelle prendront part les avocats des «redresseurs», il sera question d'expliquer en quoi cette décision, qui pourtant ne prête à aucune équivoque, serait favorable au camp des redresseurs. C'est ce qu'a tenté de nous expliquer M.Daâdoua dans un entretien. Selon lui, «la décision du Conseil d'Etat pousse automatiquement Benflis et ses hommes à tenir un autre congrès extraordinaire puisque le premier n'a pas eu lieu à la date fixée initialement, ni dans le lieu qui était prévu. Cela nous permettra de revenir à la charge encore une fois pour empêcher la tenue de ce congrès». Notre source, qui divise le verdict en deux parties, indique que la première met hors de cause le wali et le ministre de l'Intérieur qui, donc, ont toute latitude d'interdire ou d'autoriser la tenue d'un congrès. La seconde partie, qui constitue un véritable cas de jurisprudence, puisqu'il déclare l'incompétence du tribunal administratif à trancher les affaires internes aux partis politiques. C'est donc la plainte des «redresseurs» qui est remise en cause. Chacun sait, toutefois, que le combat va désormais se transposer vers le contrôle des instances du parti. Daâdoua nous déclare à ce sujet que «la caution du FLN ne veut rien dire en elle-même, puisqu'elle ne dispense pas son bénéficiaire de collecter les signatures nécessaires à sa candidature». Ajoutant que les sièges du parti serviraient surtout à lui assurer une campagne plus vaste. Après celle de la justice, la guerre des communiqués et des chiffres va commencer...