Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a révélé avant-hier dans un entretien dans l'émission «60 minutes» de la chaîne de télévision CBS, un plan pour diffuser «un déluge» de documents secrets au cas où son site de dénonciation resterait définitivement fermé. C'est ainsi qu'Assange a annoncé que son groupe avait «un système par lequel il pouvait diffuser des sauvegardes cryptées d'éléments qu'il n'avait pas encore publiés». «Il y a des sauvegardes distribuées parmi de très nombreuses personnes, environ 100 000, et tout ce dont nous avons besoin, c'est de leur donner une clé cryptée qui leur permettra de continuer», a-t-il souligné. Autrement dit, et à en croire Julian Assange, 100 000 personnes pourraient «prendre le relais» en continuant à diffuser les documents en question. Le fondateur de WikiLeaks, qui fait actuellement l'objet d'une enquête criminelle sur la fuite de centaines de milliers de rapports et de dépêches diplomatiques, a précisé que cette clé ne serait distribuée qu'en dernier ressort, signifiant que cette perspective ne pourrait être choisie qu'en dernier recours. «Si un certain nombre de personnes étaient emprisonnées ou assassinées, là nous aurions le sentiment que nous ne pouvons pas poursuivre (la diffusion des documents), et d'autres personnes devraient prendre le relais (de notre action) et nous pourrions donner les clés», a-t-il ajouté. Au cours de cet entretien, l'Australien de 39 ans a démenti être mû par des sentiments antiaméricains ou par d'autres mots d'ordre politique, et a qualifié son groupe de «militant de la presse libre». «Il ne s'agit pas de sauver les baleines. Il s'agit de fournir aux gens l'information dont ils ont besoin pour savoir s'ils doivent défendre ou non les baleines», a-t-il affirmé. «C'est la matière brute dont on a besoin pour avoir une société juste et une société civile. Sans cela, c'est comme de naviguer dans l'obscurité», a-t-il estimé. Julian Assange a refusé de commenter les allégations suédoises de crimes sexuels qui ont conduit à le confiner dans une maison de la campagne britannique contre une caution en attendant une procédure d'extradition. Il a gloussé lorsqu'il a été interrogé au sujet de la diffusion d'une information sur la Bank of America, et a refusé de confirmer ou d'infirmer qu'il le ferait. «Toutes ces banques sont mal à l'aise et chacune se demande si ce n'est pas elle qui est visée», a-t-il noté. «Quand vous voyez des organisations qui ont commis des abus souffrir des conséquences de leurs abus alors que leurs victimes se relèvent... vous éprouvez un certain plaisir à être impliqué dans ce type d'activité», a-t-il remarqué. Au cours d'une interview avec le magazine Forbes en novembre 2010, a-t-il été rappelé, Julian Assange avait annoncé qu'une «mégafuite» de son site aurait pour cible au début de cette année une grande banque américaine. Il avait, a-t-il été ajouté, fait savoir auparavant qu'il avait découvert un trésor de documents concernant la Bank of America, la plus grande des banques américaines, dont les actions ont perdu plus de 3% le 30 novembre 2010 peu après la publication de l'interview de Julian Assange au magazine Forbes.