Des milliers de partisans de Laurent Gbagbo, l'un des deux présidents déclarés de Côte d'Ivoire, ont tenu un meeting samedi à Abidjan pour protester contre la présence du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, dans le panel des chefs d'Etat de l'Union africaine pour le règlement de la crise post-électorale en Côte d'Ivoire. A l'appel du leader des «jeunes patriotes», Charles Blé Goudé, de nombreux jeunes, avec à leur tête des membres du gouvernement de Laurent Gbagbo et son épouse Simone Ehivet-Gbagbo, ont pris d'assaut la place de la République, au Plateau. Les voies d'accès au lieu du meeting étaient soigneusement contrôlées par de nombreux éléments des forces de l'ordre en armes. «Nous sommes ici pour que le monde entier voit que les Ivoiriens ne sont pas d'accord avec la présence de Blaise Compaoré dans le panel», a déclaré Charles Blé Goudé. Selon lui, le président burkinabé, facilitateur dans la crise ivoirienne, est devenu «complicateur». L'accord de paix interivoirien de Ouagadougou, entre Laurent Gbagbo et les leaders de l'ex-rébellion des forces nouvelles, Guillaume soro, a été signé en 2007 sous l'égide de Blaise Compaoré. «Ceux qui ont proposé la voie militaire et échoué veulent revenir autrement dans le panel», croit savoir Blé Goudé, qui a affirmé que derrière Blaise Compaoré et les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui ont menacé d'intervenir en Côte d'Ivoire pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. La Cédéao, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l'Union africaine, l'Union européenne, l'ONU, la France et les Etats-Unis n'ont pas rechigné, qui à actionner davantage la «machine de pression», qui à brandir des menaces d'intervention militaire, qui à prendre des sanctions économiques à l'encontre de Gbagbo, de ses proches ou du pays. En attendant la mission du panel africain, le bicéphalisme sur le terrain se poursuit entre Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara, tous deux ayant constitué un gouvernement dirigé par un Premier ministre.