«Le ministère de l'Education nationale demeure toujours une citadelle fermée aux travailleurs du secteur», peste un représentant des corps communs, en rebroussant chemin contre son gré. Le rassemblement prévu hier devant l'édifice par la coordination nationale des corps communs affiliés au SNTE a été empêché. Aucune avancée par rapport à la plateforme de revendications de ces derniers n'a été constatée, même si quatre délégués ont été reçus par le secrétaire général du ministère. Sans suite. Avant même que l'ensemble des représentants des travailleurs n'atteigne le siège du ministère, le dispositif sécuritaire déployé sur place dès la matinée est intervenu pour, dans un premier temps, «arracher» les banderoles et autres pancartes des mains des protestataires, puis carrément les confisquer, avant de les repousser plus bas, vers les arrêts de bus situés en face du lycée Bouamama. L'on apprend au cours de «ce bras de fer» que plusieurs autres «collègues» ont été empêchés de rejoindre le lieu du rassemblement. «Ils sont venus de différentes régions, ils ont été stoppés net, interceptés au niveau de l'hôtel El Djazair, ainsi qu'aux environs de Bir Mourad Raïs. Ils sont facilement repérables car ils ont tenté de rallier El Mouradia par bus», nous indiquera l'un des protestataires. En colère, la cinquantaine de représentants des 516 000 travailleurs que compte ce corps, «entassée» en contrebas du ministère et de la présidence de la République, tente de négocier avec un responsable des services de sécurité, en vain. Alors que les esprits commençaient à s'échauffer, ce dernier tente de jouer l'apaisement. «Vous savez bien que les attroupements susceptibles de troubler l'ordre public sont interdits», leur signifia-t-il, tout en leur proposant de dégager une délégation «qui sera reçue par les représentants du ministère». Après concertation, trois délégués représentant les régions est, ouest et centre ainsi que le coordinateur national ont été désignés pour former la délégation. «On ne lâchera pas prise», nous dira alors M. Aït Hamouda, responsable de la coordination au niveau d'Alger, qui conseille à ses collègues d'être prudents. Des salaires de 9000 dinars Moins d'une heure après, la délégation est revenue bredouille. «Nous avons été reçus par le secrétaire général du ministère, mais il ne voulait rien savoir», nous dira un des représentants, qui dénonce la fuite en avant de la tutelle et la «marginalisation» dont est victime ce corps. Certains fonctionnaires touchent seulement 9000 dinars, regrette-on. «Pour le secrétaire général, nous ne faisons pas partie du secteur. Il refuse de nous écouter sous prétexte que nos doléances devraient être adressées au ministère du Travail et à la Fonction publique», explique notre interlocuteur. Outre l'intégration au secteur de l'éducation, les revendications de cette corporation, qui regroupe notamment les concierges, les agents d'administration, les agents non spécialisés, les factotums et les laborantins, tourne notamment autour de la revalorisation salariale, la généralisation des primes et des indemnités à toutes les catégories des corps communs, l'augmentation de la prime de rendement à 40% avec effet rétroactif à partir de janvier 2008, ainsi que le droit à la formation. Ils exigent également la réduction des horaires de travail «hors normes» ou encore le droit à la retraite après 25 ans de service. Déçus, les représentants des travailleurs devaient tenir une réunion hier soir pour décider des suites à donner à leur mouvement. Les adjoints de l'éducation affiliés au SNTE ont, quant à eux, prévu un sit-in devant le ministère, le 14 février.