Nombre de femmes battues subissent en silence leur calvaire et n'ont jamais osé dénoncer leur époux et encore moins tenté d'entamer une procédure de divorce. La réalité est dure, des centaines de femmes qui ont rêvé d'un prince charmant sont violentées quotidiennement par un mari, un frère ou un père, d'après le constat de maître Benbraham. Ces violences touchent toutes les catégories sociales. Plus de 7500 femmes ont été victimes de violences, et plus de 200 femmes de viol ou de harcèlement sexuel, durant les dix premiers mois de l'année 2010, à l'échelle nationale. Ces données relèvent d'un rapport de la police algérienne publié au mois de novembre de l'année dernière. Mais il ne s'agit pas d'un taux qui reflète la réalité, selon les déclarations faites au Temps d'Algérie par maître Fatima Benbraham. Cette dernière estime que «le nombre exact de femmes battues n'existe pas et qu'aucun organisme n'est capable d'avoir ce chiffre, sauf les différents tribunaux qui traitent les affaires liées à la violence à l'encontre des femmes». Aujourd'hui, le phénomène de la violence contre les femmes commence à être connu, les langues commencent à se délier mais la prise en charge reste très limitée, pour ne pas dire inexistante. Dans leur majorité, les agresseurs sont des hommes. Elles subissent des violences physiques, les coups en premier lieu, des violences psychologiques et sexuelles. Bon nombre d'entre elles ne veulent pas briser le mur du silence et par voie de conséquence n'engagent pas de poursuites judiciaires contre leur bourreau. C'est d'ailleurs pour cela que maître Benbraham se dit contre la stratégie de la femme battue mise en place par le ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine. Notre interlocutrice estime que ce phénomène mérite plus d'attention de la part des pouvoirs publics. Elle demande à ce qu'«un système performant de protection de la femme soit instauré». Maître Benbraham demande également à ce que «chaque type d'agression soit traité différemment et que l'agression morale et physique soit différenciée l'une de l'autre», indique-t-elle, et que «les types d'agressions punissables et non punissables soit déterminés afin de pouvoir instaurer les sanctions adéquates». Dans le même sillage, elle demande à ce que «l'article portant sur les coups et blessures soit appliqué dans son intégralité». La violence à l'encontre de la femme, qu'elle soit verbale ou physique, peut laisser chez celle qui la subit des blessures psychiques et physiques profondes. Sans compter qu'elle peut créer un milieu d'insécurité, un trouble psychologique et une perte de repère pour les enfants issus de ce couple. Maître Benbraham interpelle les autorités locales pour lancer des campagnes de sensibilisation, essentiellement audiovisuelles qui toucheront l'ensemble des acteurs de la société.