Elles sont nombreuses ces femmes oranaises qui vivent en silence leurs souffrances face à la violence presque quotidienne de leurs époux, de leurs frères ou de leurs collègues de travail. Elles sont plus de 900 à avoir osé en parler durant le seul semestre de cette année en cours. Un chiffre impressionnant annoncé durant la journée du 25 novembre consacrée à ce phénomène qui angoisse pendant le reste des jours de l'année de nombreuses femmes subissant des actes de violences aux formes diverses. Selon les services de l'action sociale d'Oran, «elles sont plus de 900 femmes à s'être présentées non pas pour déposer des plaintes mais pour obtenir une écoute auprès de médecins ou de psychologues et raconter sans contraintes les pires sévices vécues». Toujours selon les spécialistes de l'insertion sociale, «Oran, occupe la 2ème place après la capitale, Alger, dans le nombre de femmes violentées». Pour Alger, le nombre est encore plus effarant, plus d'un millier de femmes y ont subi, de la part d'un époux, d'un frère ou d'un collègue, une agression qui va des atteintes verbales et des humiliations au viol et au harcèlement sexuel. Oran occupe le deuxième rang dans ce sinistre palmarès avec ses 900 femmes vivant presque quotidiennement les affres de cette agressivité. Annaba, à l'Est, arrive, elle, à la désolante troisième place avec 400 femmes ayant subi des violences soit en milieu familial comme c'est souvent le cas, soit en milieu professionnel, difficile à dénoncer, ou en pleine rue où il semble être toléré depuis longtemps de maltraiter la gent féminine. Toujours selon les spécialistes, 15% de ces agressions, parfois violentes, sont enregistrées au sein même de la famille, les époux et les frères étant le plus souvent les bourreaux de leurs proches parentes. Durant le seul premier semestre de cette année, plus de 200 viols ont été enregistrés et huit femmes sont mortes des suites d'agressions. Rahim Djamel, directeur de l'action sociale à Oran, fera savoir qu'«une cellule d'écoute a été mise en place cette année car, a-t-il été constaté, les femmes ne portent pas plainte contre leurs frères ou leurs maris, préférant subir et ne pas laisser éclater le malaise hors de la famille». A noter que les femmes ayant subi ou qui subissent encore les violences et agressions au quotidien appartiennent à toutes les catégories sociales. Elles sont femmes de ménage, médecins, journalistes, enseignantes, magistrats ou tout simplement femme au foyer. Elles viennent agrandir chaque année la liste des victimes de violences.