Des heurts ont eu lieu hier matin à Annaba entre des centaines de jeunes qui réclament du travail et des policiers dont quatre ont été blessés légèrement. Les affrontements ont commencé lorsque les policiers de la brigade antiémeutes ont voulu disperser les manifestants qui s'étaient rassemblés devant le siège de la wilaya et commençaient à lancer divers projectiles en direction des locaux administratifs en scandant des slogans hostiles au pouvoir. Les policiers présents en nombre sur les lieux ont usé de leurs matraques pour disperser les jeunes protestataires qui répliquaient par des jets de pierres. Les manifestations de protestation qui avaient débuté au niveau d'une salle de cinéma transformée en la circonstance en guichet de souscription aux dispositifs d'insertion professionnelle se sont très vite propagées au centre-ville et notamment au Cours de la Révolution, la place la plus importante d'Annaba. Le cafouillage qui s'en est suivi a provoqué un embouteillage monstre qui a bloqué la circulation automobile à travers les artères les plus importantes et causé bien des émois aux propriétaires des véhicules qui, pris en étau entre les policiers et les émeutiers, ont craint sérieusement pour leur intégrité physique, affirment des témoins des scènes de violence. Certains ont même subi des agressions de la part de jeunes voyous qui s'étaient joints à la marche de revendication d'emploi. Il en a été de même pour des citoyens qui se trouvaient à l'intérieur de l'agence principale d'Algérie Poste, qui a fait également l'objet d'un caillassage en règle de la part des manifestants. Ces derniers ont exprimé leur colère contre les lenteurs enregistrées dans l'application du dispositif de formation et d'insertion DIP et DAIS ainsi que celui destiné aux jeunes sans qualification et surtout les conditions jugées humiliantes par le fait qu'on les ait orientés vers un minuscule point d'accueil alors que leur nombre dépassait hier le millier. Ils reprochent aux autorités : «On nous oblige à passer par une salle de cinéma désaffectée pour nous faire inscrire au lieu de mettre en place plusieurs centres de souscription aux dispositifs de l'action sociale ; c'est tout simplement honteux et dégradant d'avoir à se presser dans une chaîne interminable», affirment des jeunes chômeurs, qui signalent que certains d'entre eux ont fait le pied de grue depuis quatre heures du matin pour rien. En outre, beaucoup d'autres personnes, qui n'ont rien à voir avec ces recrutements, des demandeurs de logements et des délinquants, se sont mêlées aux manifestants pour demander «la prime». Ceux-ci se seraient fiés à une rumeur selon laquelle un pactole allait être octroyé par l'Etat à tout demandeur d'emploi, et ce, quel que soit son âge. Selon de récentes statistiques, le nombre d'inscrits dépasserait les 10 000 alors que les quotas de postes offerts au niveau de la wilaya d'Annaba sont fixés à 1200 pour le PID et à 1700 pour le DAIS, indiquait récemment un responsable de la direction locale des affaires. Au moment où nous mettons sous presse, les manifestants ont été dispersés mais les éléments des forces antiémeutes étaient encore visibles en différents points de la ville.