L'affaire du pilote Boualem Annad continue de faire parler d'elle. L'impact de la gravité de l'infraction commise crée la révolte chez les pilotes d'Air Algérie. Le sérieux et la rigueur observés pendant plusieurs années dans le travail accompli par ces derniers risquent de porter un coup à la profession en raison de la politique de «l'impunité» et le «deux poids, deux mesures» observés depuis quelques années. Le pilote Annad avait assuré le vol Alger-Pékin avec une licence de navigation périmée, rappelle-t-on. Le relâchement constaté dans le travail est flagrant puisque certains pilotes ne voient aucun intérêt à passer la visite médicale ou à renouveler les licences puisque l'aviation civile ne sévit plus à ce niveau-là même au risque d'immobiliser les avions de la compagnie dans les aéroports étrangers. Le pilote en infraction a été convoqué par M. Aouf, le directeur des opérations aériennes (DOA) jeudi. «Il avait répondu qu'il est intouchable. Il avait refusé de rédiger un rapport sur les circonstances de l'affaire de sa licence», accusent des pilotes remontés. Les conséquences de cet incident sont lourdes à assumer. «Dans la situation actuelle, c'est le DOA qui risque de passer en conseil de discipline et ce sont les membres de cette direction qui risquent de se faire remplacés par d'anciens pilotes qu'on compte rappeler», ajoutent les travailleurs de la compagnie, qui dénoncent «ce scandale et cette gestion catastrophique» de la compagnie face «au mutisme inexpliqué de la direction de l'aviation civile». Nos multiples tentatives pour joindre M. Aouf pour de plus amples informations sont restées vaines. Des interrogations sont de plus en plus soulevées sur «la complicité mystérieuse» qui continue de lier la compagnie aérienne et l'aviation civile. Pourtant, cette dernière est censée être le «garde-fou» qui intervient en cas d'infraction ou de dépassement. Ce silence est constaté depuis très longtemps. On se rappelle de l'épisode de la menace prononcée par la commission européenne d'interdire Air Algérie dans son ciel sans que la direction de l'aviation civile ne place un mot pour mettre fin aux nombreuses anomalies constatées par les commissions techniques européennes et par les techniciens de la compagnie. L'aviation civile est également responsable du respect des lois et doit veiller à leur conformité vis-à-vis de la réglementation internationale. D'autres infractions dans les domaines de la formation, de la gestion et du technique sont relatées par les travailleurs de la compagnie. La dernière concerne le succès de 4 éléments du personnel navigant commercial (PNC) sur les 40 qui ont passé un test final à l'issue d'une formation assurée par Air Algérie. Il est en de même pour l'envoie de deux équipages en Allemagne pour une formation pour le renouvellement de la licence qui a été un autre fiasco. «Le renouvellement se fait après une visite médicale et un contrôle technique mais il se trouve que les pilotes ont effectué des tests sur des assimilateurs différents de ceux utilisés par la compagnie. Il semblerait que les tests ont été validés par l'aviation civile.» Les travailleurs participent au sit-in Les travailleurs d'Air Algérie ont répondu favorablement à l'appel lancé par les treize sections syndicales de la compagnie en participant massivement au rassemblement organisé hier devant le siège du fonds social à l'aéroport d'Alger. Pendant plus de deux heures, des centaines de travailleurs ont dénoncé «l'illégalité du comité de participation» et exigé «le lancement d'un audit pour faire la lumière sur la gestion douteuse des fonds des travailleurs». Les travailleurs ont donné un ultimatum d'une semaine à la direction générale pour satisfaire leurs revendications faute de quoi un autre sit-in sera observé la semaine prochaine. «La gestion obscure du comité de participation, avec l'aval de la direction générale, a fait naître des soupçons quant à l'utilisation des biens communs à tous les travailleurs, notamment par l'octroi sélectif des prêts pour le financement de logements à l'ouest d'Alger, dans le cadre d'une coopérative montée dans la plus grande discrétion et dont les travailleurs ont été tenus dans l'ignorance la plus totale», affirment les travailleurs de la compagnie. Le premier responsable de cette situation est, selon les travailleurs, la section syndicale. «Les choses ont empiré depuis que l'anarchie s'est ancrée dans la gestion du syndicat d'entreprise. Ils rappellent que les syndicats de la compagnie étaient régulièrement renouvelés. Les appels lancés au secrétaire général de le l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) sont restées sans suite», ont-ils ajouté. «A qui profite l'illégalité des syndicats et pourquoi empêche-t-on le renouvellement des bureaux ?», s'interrogent-ils.