Après le roi déchu de Tunis et le roi nu du Caire, bizarrement tombés dans un coma à un jour d'intervalle, voici le roi génocidaire qui aurait fait mieux que ses deux compères réunis. Au nom de l'amour du pouvoir, le colonel Mouammar Kadhafi est allé jusqu'à louer les services de mercenaires étrangers pour saigner son peuple. Quelle bravoure de la part de celui qui a fait croire, durant plus de quarante ans, qu'il était le guide de la Jamahiriya. Et dire qu'il ambitionnait à devenir le président des Etats-Unis d'Afrique ! Pourquoi pas le chef des armées arabo-musulmanes, pendant qu'on y est ? Faute de conquérir l'Europe, le roi mégalo ne détient même plus le pouvoir de donner des ordres à sa propre armée. L'assignation à résidence d'un haut gradé n'est qu'acte désespéré, les militaires ont pris le soin de bien fermer les portes des casernes après être revenus. Reste aux côtés du roi de Tripoli, Leïla Trabelssi, l'épouse de Ben Ali, qui espère toujours sauver les meubles du palais de Carthage. Plus sérieusement, y a-t-il quelqu'un pour sauver ce prétendu père de la nation libyenne ? Sûrement pas le représentant de la Jamahiriya auprès de la Ligue arabe dont le colonel a cru pouvoir ajourner la prochaine réunion en un claquement de sa cape en poils de chameau. Moins encore son ambassadeur en Inde qui a déposé sa démission pour ne pas cautionner les crimes de guerre que l'actuel régime, aux abois, a perpétrés à Benghazi. Et si le sauveur s'appelait Seïf El Islam, l'un de ses fils et dont le seul fait d'armes est d'avoir battu à mort ses serviteurs dans un hôtel de luxe en Suisse ? Présenté comme le prochain homme fort de la Jamahiriya, avant le soulèvement antimonarchique en cours, le prince mercenaire est apparu à la télévision libyenne avec arrogance et mépris, génétique oblige. Résumé de son discours de café, le peuple libyen doit choisir entre la tribu des Kadhafi et les rivières de sang d'une prochaine guerre civile. Cela ne vous rappelle rien. Oh que si. Ce «moi ou le chaos» que Hosni Moubarak n'a cessé de rabâcher de la fenêtre de sa résidence, pensant impressionner les Etats-Unis qui ont fini par le lâcher. L'Egypte ne s'est jamais mieux portée depuis sa fuite à Charm Cheikh. Au fait, où est passé le président Obama ? Se fait-il discret depuis ce jour où la représentante de son administration à l'Onu, Susan Rice, a posé le veto US sur une résolution condamnant l'illégalité de la colonisation israélienne ? N'est-il pas du devoir du gendarme du monde de venir remettre de l'ordre ne serait-ce que par une condamnation verbale des carnages du colonel ? Il aurait laissé le soin à ses alliés britannique et canadien de transmettre le message de la retenue au clan Kadhafi. Cela ne veut pas dire que la Grande Amérique se roule les pouces, une multitude d'options sont sur la table. Le discours du prince Seïf El Islam aurait-il été quelque peu prémonitoire, la Libye serait confrontée à un néo-colonisateur si le guide venait à s'enfuir au Venezuela ou dans un autre pays qui cultive l'antiaméricanisme au premier degré ? Rien n'a filtré sur ces choix qu'Obama et ses conseillers épluchent un à un. Sauf que le temps presse, la DCA du colonel ne connaît plus de répit. Déboussolé, son système tribal en passe de s'effondrer, le guide doit-il atteindre un quota précis de cadavres avant de voir s'abattre sur sa tente bédouine les foudres de l'Occident ? Elles ne sauraient tarder. Bien qu'elles cherchent à préserver leurs intérêts jusqu'à la dernière minute, les grandes puissances de l'Ouest parient déjà sur une prochaine extinction de rugissements du vieux roi du désert de Libye. La parole est au peuple.