Plusieurs centaines d'habitants ont exprimé, dans la matinée d'hier, leur colère contre le mal vivre et la détérioration de leur cadre de vie dans la commune de Chabet El Ameur, à une trentaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès. Les manifestants, venus de plusieurs villages et quartiers de la commune, ont fermé le siège de l'APC et réclamé le départ du staff communal, y compris le premier responsable, en l'occurrence Kezzadri Lounès, d'obédience RND, à la tête de ladite commune depuis 2007, lors des élections locales. Rappelons que l'Assemblée avait été bloquée durant une année en raison des conflits partisans entre les élus locaux avant qu'elle soit débloquée une année plus tard. Les protestataires ont déployé des banderoles sur lesquelles il est écrit : «La population réclame le départ du maire», «Notre localité est sinistrée, où sont vos promesses ?» Ils ont dénoncé la gestion aléatoire des affaires de la commune qui, selon eux, a plongé la localité dans une léthargie sans précédent. «Nous réclamons leur départ, car ils sont défaillants. Depuis leur installation à la tête de l'APC, notre commune se débat dans un sous-développement chronique à tous les niveaux», nous dira un jeune protestataire venu manifester sa colère contre le chômage qui frappe plusieurs jeunes de la localité. Notre interlocuteur précisera que Chabet El Ameur n'a bénéficié que d'une soixantaine de postes d'emploi de jeunes alors que les autres communes de la wilaya ont bénéficié de plusieurs centaines de postes. «En tout cas, c'est le favoritisme qui prime, si tu n'as pas une connaissance à l'APC, il est impossible de décrocher un tout petit job», ajoute-il. C'est dire que ladite commune est mal lotie en matière d'emploi au moment où le taux de chômage est très élevé. Le programme des 100 locaux piétine alors que 60 locaux ne sont toujours pas construits. Un protestataire nous dira que les 60 autres locaux ont été délocalisés vers une autre commune. Chabet El Ameur connaît, et ce, depuis plusieurs années, une crise d'eau potable non égalée et plusieurs villageois continuent à s'approvisionner des sources d'eau qui sont à sec, notamment en période estivale. Outre cela, le réseau routier de la commune est totalement défaillant et plusieurs routes sont dégradées. Le chef-lieu communal n'offre plus l'image d'une ville en raison de la dégradation des routes et ruelles de quartiers. L'aménagement urbain est quasiment inexistant et les trottoirs sont totalement squattés par des vendeurs à la sauvette. Les baraques de fortune poussent comme des champignons. Les protestataires dénoncent la dégradation de la quiétude et la prolifération de lieux de débauche, notamment la vente illicite de boissons alcoolisées. Ils réclament par ailleurs la réalisation de nouvelles infrastructures de jeunes et dénoncent l'arrêt des travaux de la crèche ainsi que le non-lancement des travaux de la bibliothèque communale. Hier, aucun responsable n'a jugé utile de se déplacer dans la commune de Chabet El Ameur pour apaiser les esprits et trouver une issue favorable, particulièrement après le refus des protestataires de dialoguer avec le P/APC. Contacté par nos soins, le P/APC, M. Kezzadri, nous dira que «les protestataires ont été manipulés par des citoyens à des buts inavoués et occultes». Et d'ajouter : «Nous avons toujours reçu les citoyens et nous n'avons pas fermé la porte devant eux.» Par ailleurs, «les manifestants sont déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu'à satisfaction de leur principale revendication, à savoir le départ du P/APC».