Initiée par un nombre restreint de greffiers, ce sont aujourd'hui, 7e jour de grève, 20 000 greffiers qui ont rallié le mouvement à travers le territoire national, ont indiqué hier les greffiers rassemblés devant le tribunal de Sidi M'hamed. Si jusqu'à lundi, le ministère n'avait encore pris aucune décision, hier, le personnel du greffe au niveau des 36 cours du pays a désigné, par le biais du vote, les représentants qui devaient prendre part à 15h à la réunion programmée par le ministère de la Justice comme première tentative de dialogue. Il faut signaler que parmi les 36 cours du pays, chacune a un seul représentant, contrairement à celle d'Alger, qui a délégué trois représentants pour le motif que c'est «leur base de données». Par ailleurs, l'ensemble des personnels des cours et des tribunaux rassemblés devant l'institution juridique de Sidi M'hamed, à Alger, ont paralysé la plupart des audiences qui ont été renvoyées à une date ultérieure, vers le 15 mars. Contrairement à l'ordinaire, les quelques audiences qui ont été tenues dans des salles pénales au niveau de certains tribunaux de la capitale l'ont été en présence d'huissiers de justice appelés à la rescousse par le parquet. Cette décision d'obliger les huissiers de justice à assurer les audiences contre une prime de 4000 DA la journée, alors que celle des greffiers est de seulement 500 DA, a mis les grévistes hors d'eux. Autre point de discorde de taille soulevé par les grévistes, les audiences qui se terminent très tard la nuit sans qu'ils soient transportés, à l'inverse des magistrats. «Il m'arrive d'assister à des audiences qui se terminent à 2 ou 3h du matin. A la fin, je dois me débrouiller seule et rentrer par mes propres moyens. Et le lendemain, si j'arrive avec un petit quart d'heure de retard, je reçois un questionnaire avec une retenue sur salaire. Est-ce normal?», se plaint cette greffière mère de deux enfants. Non cautionnement d'une procédure illégale Comme nous l'avons relevé dans notre précédente édition, la décision du parquet et des magistrats de maintenir le programme des audiences en recourant aux services des huissiers de justice n'a pas été du goût des avocats, qui ont décidé de boycotter les audiences. A cet effet, les membres du barreau d'Alger ont été convoqués par le bâtonnier pour une réunion en vue d'examiner la situation et débattre de la légalité du recours aux huissiers de justice pour siéger à la place des greffiers. Après quelques heures de conclave, les membres ont tranché pour «le non-cautionnement d'une procédure illégale» et décidé de continuer le boycott des audiences. Pour rappel, les greffiers revendiquent environ 22 revendications dont les plus importantes sont le statut particulier des fonctionnaires du greffe, l'appel aux autorités compétentes à soumettre la nouvelle loi régissant leur fonction à l'enrichissement au niveau de chaque institution juridique, l'annulation de leur syndicat, la réforme de la justice, l'exigence d'élever le niveau à la licence pour intégrer le corps du greffe, tout en demandant trois grades : celui «d'agent de greffe à l'échelon 12, greffier à l'échelon 15 et greffier en chef à l'échelon 17», la reconnaissance de la charge importante de l'action judiciaire qui leur incombe et bien sûr une augmentation de salaire et une promotion professionnelle systématique en fonction de l'expérience et de l'ancienneté (5 ans pour le grade et 3 ans pour l'échelon). Un mouvement de grève qu'ils ne gèleront qu'après satisfaction de toutes leurs revendications.