Près de 5000 étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (Ummto) ont répondu favorablement hier à l'appel de la Coordination locale des étudiants (CLE), proche du RCD, et ont tenu à exprimer leur ras-le-bol quant à la situation dans laquelle se débat l'enseignement supérieur en Algérie, tout en appelant à un changement radical dans les visions. Cependant, il faut dire que l'action d'hier n'était pas seulement comme annoncé précédemment, pour revendiquer des améliorations en matière de pédagogie, de sécurité, mais aussi une occasion pour se positionner par rapport au mouvement qui touche certains pays arabes. «Le peuple veut faire tomber le système», c'est du moins le slogan brandi et scandé tout au long du parcours des marcheurs. Par ce positionnement, la CLE vient de dévier complètement des revendications chères à la communauté estudiantine et entre dans les jeux politiques, alors que lors de la précédente marche, cette même coordination a dénoncé haut et fort «une grande manipulation politique». Elle avait dit que son action n'avait rien de commun avec les appels au changement du système en place. Y a-t-il eu un travail de coulisses durant les préparatifs qui ont précédé cette marche ? Selon certaines sources, plusieurs réunions de la CLE ont en effet eu lieu ces derniers jours au niveau de l'Ummto, ce qui explique par ricochet ce détournement à la veille de la marche. Vers 11h, les étudiants qui se sont rassemblés devant le campus universitaire de Hasnaoua ont entamé leur marche, passant par le stade 1er Novembre, sillonnant la rue de l'hôpital, rue Lamali, sous la vigilance des agents du service d'ordre qui ont veillé à libérer la voie, donc à réussir l'action pacifique. A l'arrivée devant le siège de la wilaya, un sit-in a été organisé sur place, suivi par la lecture d'une déclaration. «La nature du système se veut occulte, obscurantiste, démissionnaire face aux aspirations de la société en général et des étudiants, donc de l'avenir de demain en particulier», lit-on dans la déclaration dont nous détenons une copie. Il semblerait que les étudiants ne sont pas encore convaincus, malgré l'annulation du décret présidentiel n°10-315. «La publication d'un décret des plus évasifs... intervient avec une situation sociopolitique des plus affligeantes où le peuple algérien n'aspire qu'à un changement radical du système», selon les rédacteurs de la déclaration. Par ailleurs, l'action a été une occasion pour s'interroger sur pas mal de sujets qui guettent l'étudiant. «Halte à la corruption», «We need change», «Etudiants, chômeurs et travailleurs unissons-nous», ainsi que «Tamazight langue officielle», sont entre autres les banderoles portées par les marcheurs. Les manifestants se sont dispersés dans le calme.