Les jardins publics des communes du centre-ville se transforment de plus en plus en un refuge de la délinquance. Les agressions à main armée contre les visiteurs commencent à prendre de l'ampleur. Un couple a été agressé par deux jeunes garçons, jeudi dernier, dans le parc de la Liberté au Telemly, dans la commune d'Alger-Centre. L'agression s'est déroulée vers 14h30. A ce moment-là, le jardin était plein de familles. Cela n'a pas empêché les agresseurs de commettre leur forfait. Les deux garçons ont en effet attaqué le couple en utilisant l'arme blanche. Ils ont frappé un jeune, qui était avec sa copine, avec un couteau à la jambe avant de prendre la fuite. Il n'y avait aucun agent de sécurité pour lui venir en l'aide. Le jeune s'est donc pris en charge lui-même. Ce qui est arrivé à ce dernier pose le problème de l'insécurité dans les jardins publics, de jour comme de nuit. Qui est responsable ? Interrogé, le chef des agents de l'établissement du développement des espaces verts (Edeval), explique : «Notre travail est de surveiller l'espace vert. La sécurité des visiteurs, c'est la responsabilité de la police». Au parc de la Liberté, il y a quatre agents de sécurité qui travaillent par brigades (matin et soir) de 8h30 à 16h30. Selon lui, les agents sont eux-mêmes exposés aux agressions. «Il n'y a pas une loi qui nous protège. A chaque fois que nous intervenons, les agresseurs nous attendent à la sortie», révèle-t-il. «La police intervient rarement pour embarquer les alcooliques et le lendemain elle les relâche», ajoute le chef de la sécurité des lieux. Le parc n'est pas sécurisé. Le manque d'employés le rend dangereux à fréquenter surtout en fin de journée. «On ne se mêle pas de ce qui se passe. Auparavant, on devenait responsable dans les agressions. On a visité les tribunaux, les postes de police, à chaque fois qu'on se mêlait. Aujourd'hui, malgré que l'agression se déroule sous nos yeux, on n'intervient pas», indiquent des agents rencontrés sur les lieux. Les actes d'agressions sont multiples : vol de portables et d'argent, utilisation d'arme blanche…. Des dizaines de garçons, âgés entre 16 et 22 ans, viennent quotidiennement dans cet endroit. Ils consomment de la drogue, de l'alcool, leurs chiens tenus en laisse pour se protéger en cas de résistance de la victime. «Cela ne fait pas longtemps depuis qu'une victime qui habite dans le secteur a été attaquée par un adolescent armé d'un couteau. Il lui a défiguré le visage», racontent Walid et Anouar qui habitent dans le voisinage. Même cas au parc Beyrouth Le parc Beyrouth (ex-Mont-Riant), toujours au Telemly, est plus spacieux, d'une superficie de 3,5 hectares. Il dispose d'une forêt fréquentée surtout par les drogués, les alcooliques et les SDF qui y passent la nuit. «Il n'y a pas de sécurité dans ce jardin. Les familles préfèrent rester à l'entrée, là où les lieux sont fréquentés. A ce niveau, on est vu de tout le monde», indique un agent. Un commissariat de police (le 10e) de même qu'un musée se trouvent dans les environs immédiats. La sécurité est-elle assurée pour autant ? Un agent répond : «Malgré la présence du commissariat, les lieux ne sont pas sûrs. Il faut que la police intervienne souvent dans la journée et pas seulement à seize heures ou à dix-huit heures». «Si j'interviens au cours des bagarres, je risque ma vie. Plusieurs agents qui sont intervenus sont morts ou laissés pour handicapés», ajoute-t-il. Au parc Beyrouth, précise l'agent, le danger vient précisément du côté de la forêt. Une visite des lieux en sa compagnie, nous amène à découvrir une forêt pleine de plantes sauvages et de vieilles maisons abandonnées. Dans un coin, il y avait un groupe de jeunes qui buvaient de l'alcool et d'autres étaient en train de discuter en cachette. Il y avait également une jeune fille avec son petit ami. «Les gens qui fréquentent ce genre d'endroit prennent leurs responsabilités en cas d'agression. Cet endroit est loin des yeux. Personne ne monte jusqu'ici, à quelques exceptions», dit-on. «Plusieurs personnes sont décédées dans ce lieu. Les agresseurs massacrent leurs victimes puis les emmènent dans cet endroit isolé», ajoute notre guide. Il était midi trente. Après l'exploration d'une partie de la forêt, nous avons décidé de faire demi-tour. Les «habitants» de cette forêt, comme on les appelle ici, commencent en effet à nous regarder d'un mauvais œil. Pour les familles, cela fait un bon moment depuis qu'elles ne mettent plus les pieds dans les bois du parc Beyrouth. Les scènes de violences qui s'y déroulent souvent en sont les causes. M. Malika, une mère de famille, a décidé de ne plus amener ces enfants dans ces endroits dangereux. Elle nous dit pourquoi : «Auparavant, le jardin était un endroit magnifique, plein d'animaux. Il y avait aussi de l'animation, des clowns. Les visiteurs y viennent chaque week-end, surtout durant les vacances scolaires pour se détendre et passer de bons moments. Mais aujourd'hui, il est devenu un endroit effrayant». Pour toutes ces raisons, les citoyens demandent l'intervention des autorités dans le but de mettre fin à l'insécurité dans les parcs publics.