Des habitants ont empêché hier matin les services de l'APC de Oued Koreiche et de la police d'intervenir dans le quartier de Climat de France où 40 baraques illicites sont en cours de construction dans des espaces verts. L'opposition par la force de quelques résidents, notamment les jeunes qui ont barricadé des rues par toutes sortes de gravats, a obligé les autorités locales à renoncer à leur «délicate opération» de démolition. Elles se sont retirées de la cité en attendant les instructions de la hiérarchie sur la manière idoine de régler rapidement le problème, en prenant en compte la réaction des auteurs de cette entreprise. Selon une source au fait de la situation, l'APC, impuissante, a assisté en spectateur à l'accaparement des jardins publics du chef-lieu. Des baraques construites à l'aide de parpaing ont poussé comme des champignons à l'entrée du quartier et tout au long du mur d'enceinte du cimetière El Kettar. Les unes sont achevées tandis que d'autres sont en chantier. Fait significatif : les travaux de construction des 40 baraques ont commencé en même temps. Les concernés, originaires du quartier, s'y sont suffisamment investis, ne serait-ce que dans l'achat des matériaux, comme si, dès le départ, ils étaient assurés de la complicité des autorités. «Les gens ont commencé à construire depuis 15 jours», assure-t-on. Autrement dit, le phénomène est apparu au lendemain de la réunion du comité de la ville, tenue lundi 14 février, et regroupant le wali délégué de Bab El Oued, les élus de l'APC et des citoyens. Qu'est-ce qui a été dit lors de cette rencontre publique ? Devant une assistance qui réclame des logements sociaux locatifs, indique-t-on, le wali délégué aurait déclaré : «Celui qui veut construire une baraque n'a qu'à le faire» ! A Climat de France, comme dans les autres quartiers de la commune, les familles souffrent énormément de la promiscuité dans les bâtiments collectifs. Faute de logements, des extensions ont été réalisées sur les terrasses des immeubles. Une solution provisoire, en somme. Dans le cadre du programme portant résorption progressive de l'habitat précaire, mis en œuvre par la wilaya en 2010, Oued Koreiche s'est débarrassée de trois bidonvilles : la Bouchraye, Fontaine fraîche et Sonatro (Diar El Kef). Plus de 1000 familles ont ainsi pu accéder à des logements neufs dans les cités des communes de la banlieue algéroise. La priorité accordée par la wilaya aux occupants des bidonvilles dans la distribution de logements a provoqué la colère des familles vivant dans les immeubles.