Quand on prend connaissance du nouveau texte législatif qui régit les fédérations sportives nationales, on ne peut éviter de se demander comment un tel texte a pu être promulgué sans aucune publicité. Il ne s'agit pourtant pas de n'importe quel texte. Le monde du sport algérien n'oubliera, en effet, pas de sitôt toutes les turbulences nées de la mise en application du décret 05-405 relatif aux fédérations sportives, un décret qui avait été pas mal décrié au point d'être mis à l'index par deux puissantes institutions sportives internationales, le CIO et la Fifa. S'il faut admettre que c'est à la suite du mécontentement du mouvement sportif national que l'entreprise de modification dudit décret a été entamée, il est surtout vrai que les réserves émises par les deux institutions que nous venons de citer ont été pour beaucoup dans la révision que vient de subir le 05-405. Il faut dire que ce dernier comportait beaucoup de dispositions qui allaient à l'encontre des statuts du CIO et de la Fifa, qui préconisent une autonomie des mouvements sportifs par rapport aux autorités de leurs pays respectifs. Si celles-ci admettent que les Etats font beaucoup pour le sport en le finançant et en construisant des infrastructures pour qu'il s'y développe, elles estiment que ce sport a besoin de gérer par lui-même loin de toute tutelle. En somme, le sport aux sportifs, pour les sportifs et par les sportifs. Ce ne sont pas les idées maîtresses dont se prévalait le décret 05-405 où l'on imposait aux responsables des fédérations sportives de n'être élus que pour un seul mandat et ce quels que soient les résultats sportifs ou autres qu'ils obtiennent, où le ministère de la Jeunesse et des Sports avait la latitude de désigner jusqu'à 30% des membres de la composante d'une assemblée générale d'une fédération sportive et où le ministre de la Jeunesse et des Sports pouvait convoquer cette même assemblée générale. Le nouveau décret relatif aux fédérations sportives, le 11-22 du 26 janvier 2011, apporte une autre approche au sujet, dans la mesure où l'obligation pour tout élu de s'en tenir à un seul mandat a été abrogée, où le MJS ne désigne plus de membres au sein de l'assemblée générale fédérale et où le ministre chargé des sports ne peut convoquer cette même assemblée que sur accord de la fédération concernée, du COA et de l'Observatoire des sports. Il n'en reste pas moins vrai que le 11-22 indique en son article 19 que le ministre chargé des sports peut désigner de deux à quatre membres du bureau fédéral d'une fédération sportive si celle-ci vit majoritairement de deniers publics. On voit bien que cette mesure ne s'adresse pas à la plus puissante des fédérations sportives, celle du football, qui a réussi à avoir une certaine autonomie financière grâce à une opération de sponsoring bien menée. Pour ce qui est des autres fédérations qui ne vivent que d'argent public, elles devront se mettre à l'idée que dans leur bureau fédéral il peut y avoir quatre membres désignés par le ministre chargé des sports. Si on ajoute le secrétaire général, le trésorier et le directeur technique national, des personnes toutes les trois désignées par le même ministre, on s'aperçoit que le bureau fédéral en question dépend en grande partie de la tutelle ministérielle. Convenons, cependant, que l'article 19 du décret stipule, dans son dernier alinéa, que le ministre, sur rapport de ses services, peut déroger à cette disposition. Le nouveau décret apporte-t-il des solutions aux problèmes du sport algérien ? Il va falloir attendre pour faire un premier bilan. Disons qu'il ne pourra être jugé qu'après 2012, puisqu'il indique en son article 30 que «le mandat des membres des organes dirigeants de l'ensemble des fédérations sportives nationales issus du processus électoral de l'année 2009 demeure effectif jusqu'à son expiration». Cela veut dire que les directions actuelles des fédérations sportives, exceptée celle du football, ne pourront pas prétendre à un autre mandat à la fin de l'année 2012, lors des prochaines assemblées générales électives. On comprend par là que les autorités politiques du pays ne veulent pas voir s'éterniser à la tête de ces fédérations des bureaux fédéraux qui ont montré leurs limites, pour ne pas dire leur incompétence.