La flambée des prix du pétrole fait craindre les investisseurs. L'inquiétude est d'autant plus sérieuse avec le risque de propagation du vent de la révolte aux gros pays producteurs du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, où des appels à des manifestations contre le royaume wahhabite sont attentivement suivis. Si la contestation populaire gagne ce pays, le monde se dirigera droit vers un choc pétrolier, selon l'expert en pétrole, Mourad Preure. En effet, le marché pétrolier continue d'être influencé par la situation en Libye et au Moyen-Orient. La flambée des prix de l'énergie continuait d'être alimentée par la situation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Hier, le prix du baril sur le marché londonien était de 107 dollars, alors qu'aux Etats-Unis il s'est échangé en début de séance boursière à 106 dollars. A ces niveaux, l'économie mondiale ne va pas en pâtir, selon l'expert pétrolier Mourad Preure, s'exprimant hier à notre journal. Mais si les prix dépassent les 120 dollars le baril, le risque sera très grand. La croissance économique mondiale sera la première victime, ce qui va engendrer une crise aussi bien pour les producteurs que les consommateurs, a tenu à expliquer l'expert, ajoutant que les pays producteurs se sont engagés à améliorer l'offre afin d'éviter cette tension. Les capacités de production mondiale sont portées à plus de 87 millions de barils par jour, dont une quantité de 6 millions reste non utilisable. L'Arabie Saoudite, à titre d'exemple, a pris la décision d'élever sa production à 9 millions de barils/jour. Ce qui a constitué un signal positif pour le marché boursier. «Il faut que les prix soient maintenus à 100 dollars. A ce tarif là, il n'y aura pas de risques sur la croissance mondiale et les pays exportateurs de pétrole. Ce qui est à craindre par contre, c'est la propagation du vent de la colère et de l'instabilité politique dans les pays producteurs, à l'exemple de l'Arabie Saoudite. Dans ce cas de figure, l'économie mondiale sera déstabilisée et confrontée à un choc pétrolier. Un choc qui sera fatal pour tout le monde. Une éventuelle crise politique en Arabie Saoudite va atteindre le sommet», a tenu à souligner notre interlocuteur. La crise engendrera la dévalorisation des monnaies internationales, tels que le dollar et l'euro. Les conséquences sur l'Algérie L'Algérie a déjà ressenti les fluctuations du marché pétrolier. En 2010, les recettes pétrolières ont considérablement augmenté par rapport à l'année 2009. Il s'agit d'une hausse de plus de 10 milliards de dollars (de 45 à 55 milliards de dollars). «Si les prix se stabilisent à des niveaux appréciables de 90 à 100 dollars, nous aurons des résultats positifs. Mais si les cours augmentent au-delà de 120 dollars, les conséquences seront négatives. L'inflation va reprendre ce que le prix du pétrole a rapporté aux recettes de l'Etat», a tenu à souligner M. Preure. L'autre effet négatif est celui de la baisse de la consommation mondiale des produits énergétiques.