L'Université d'Alger est en proie à des remous et à une vive tension qui vont crescendo. Des dizaines, voire des centaines d'étudiants issus des différentes facultés ou écoles d'enseignement supérieur observent actuellement un mouvement de débrayage. Dans l'enceinte de la faculté de Bouzaréah, la grève enclenchée depuis une quinzaine de jours s'inscrit dans la durée. «Nous sommes déterminés à maintenir la pression sur la tutelle que nous interpellons d'engager dans l'immédiat une réforme radicale touchant à tous les aspects de la vie d'étudiant», proclame Saloua, étudiante en 4e année dans la filière anglais, à l'université des lettres et sciences sociales de Bouzaréah. C'est en ces lieux, rappelle-t-on, qu'une étudiante en sociologie a été récemment agressée par arme blanche lui causant des blessures graves. En raison de la persistance de l'insécurité, mais aussi pour la non-satisfaction de revendications socio-pédagogiques, la grève se durcit au sein de cette faculté. Plusieurs sit-in ont été observés, à l'instar de celui initié jeudi devant l'entrée du département des langues. Farid Lhadj Mohand, un des membres du comité d'organisation installé pour assurer le suivi de la grève, revendique «l'accès facile au magistère aux étudiants du système classique et la mise en place de mesures d'assouplissement pour permettre aux étudiants du système LMD d'accéder aux mastères 1 et 2». D'autres étudiants de l'université de Bouzaréah rencontrés sur les lieux ont dénoncé, pour leur part, ce qu'ils qualifient de «volonté délibérée affichée par la tutelle quant à laisser s'installer le pourrissement». «Au lieu de satisfaire nos revendications et d'ouvrir un vrai débat avec les représentants des étudiants, les responsables du ministère de l'Enseignement supérieur préfèrent intervenir à la télévision pour déclarer à tort que la situation est maîtrisée», affirment-ils. La situation semble se compliquer davantage au niveau de la faculté de Bouzaréah où la grève des étudiants ne connaîtra pas son épilogue de sitôt. Idem à la faculté Youcef Benkhedda d'Alger-Centre où les étudiants en pharmacie sont en grève depuis deux semaines. Il y avait du remous dans la matinée de jeudi à l'entrée principale de la Faculté centrale. «Des agents chargés de la sécurité avaient interdit l'accès notamment aux étudiants relevant des autres départements en pharmacie, venus de plusieurs wilayas pour se concentrer avec leurs collègues d'Alger au sujet de l'élaboration d'une plateforme de revendications commune», affirme un étudiant. Les portes d'accès aux amphithéâtres étaient maintenues fermées pour les étudiants en pharmacie. «L'administration nous empêche de nous concentrer à l'intérieur des amphithéâtres. Ce qui est une manœuvre de plus pour casser notre mouvement de protestation», fulmine Soumia, étudiante en 2e année. Un mouvement «apolitique» Vers midi, des étudiants en pharmacie improvisent un rassemblement face au siège de leur département. L'un d'eux prend la parole et, s'adressant à ses collègues, dénonce d'entrée «les rumeurs tendant à faire croire que le mouvement est parrainé par une quelconque entité partisane», dira-t-il, avant d'enchaîner : «Notre protestation est apolitique.» Les étudiants revendiquent une meilleure classification de leur titre de docteur, plus de formation et de pratique et davantage d'ouvertures de postes dans la filière de l'industrie pharmaceutique. Ils se disent déterminés à poursuivre leur action de grève jusqu'à satisfaction de leurs revendications. D'autre part, la décision de maintenir la grève a été également décidée ce jeudi au niveau de plusieurs écoles d'enseignement supérieur, telles que l'Ecole supérieure en statistiques et en économie appliquée, l'Ecole supérieure de l'hydraulique (Ensh), l'Ecole polytechnique (Epau) ainsi que l'Ecole nationale supérieure en travaux publics (Enstp), pour ne citer que celles-ci.