C'est dans une salle Atlas pleine aux trois quarts que les animateurs de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) ont exposé hier les grande lignes du changement pacifique qu'ils prétendent réaliser dans «les meilleurs délais» avec l'apport de la jeunesse algérienne, à laquelle la majorité des intervenants se sont adressés. Le meeting d'hier est un prélude à un congrès de l'ANC qui se tiendra ultérieurement. La présence de Ali Belhadj dans la salle a été remarquée. C'est à l'ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, qu'a échu la responsabilité d'exposer la vision de l'Alliance quant au changement du système. «Votre présence est un soutien sur lequel nous allons nous appuyer pour parvenir à ce changement», a déclaré d'emblée M. Benbitour, qui appelle à une mobilisation massive pour y parvenir. Pour l'ex-chef du gouvernement, le changement ne peut se faire que si les conditions de toutes les libertés sont respectées. Il critiquera à cet effet la levée de l'état d'urgence, «incomplète», selon lui, car les marches Alger sont toujours interdites au même titre que l'agrément de nouveaux partis politiques et la non-ouverture du champ médiatique au privé. La deuxième condition sine qua non pour aboutir à ce changement pacifique est de «permettre aux jeunes cadres algériens d'accéder aux postes politiques», comme il préconise aussi de «sauver la seule ressource de l'Algérie, le pétrole». «L'Algérie est un pays riche en ressources humaines et naturelles», a-t-il fait remarquer. Pourquoi ce changement ? Pour Benbitour, «cela va permettre au citoyen d'exploiter ses capacités», a-t-il expliqué, avant d'évoquer la démocratie réelle qui passe par des élections libres et des institutions élues. Le changement, qui doit se faire «de manière pacifique et non violente», signifie également, pour lui, la lutte contre la corruption. Faisant le parallèle avec les révoltes en Tunisie et en Egypte, Benbitour dira que «nos frères nous ont donné des leçons» par «le fait que les citoyens sont capables de renverser les régimes en place, la pression sur les gouvernants paye et l'apport des technologies aussi». «Il y a une possibilité de changement pacifique en Algérie», a-t-il affirmé, avant de conclure : «Nous avons assez de la démocratie de façade.» L'ex-membre du RND, Tahar Bebaibeche, a, quant à lui, affirmé qu'il n'y a pas de changement sans conviction, alors que Abdelkader Merbah, qui demande le départ du système, estime que le régime doit retenir les leçons d'octobre 1988, des évènements de Kabylie de 2001 ou encore des émeutes de janvier 2011. Le dissident du MSP, Abdelmadjid Menasra, qui a parlé au nom du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC), a critiqué l'Alliance présidentielle, qui a tenu jeudi un regroupement à l'occasion du 19 mars, fête de la victoire. «Notre alliance, c'est l'alliance de la base pas l'alliance présidentielle», a-t-il dit, avant d'ajouter : «Le 19 mars est un symbole de victoire, nous vaincrons la hogra et la corruption. Hier, c'est la liberté ; aujourd'hui, c'est le changement», a-t-il martelé, non sans ajouter : «La légitimité historique c'est fini.» D'autres intervenants ont tous insisté sur le changement pacifique et immédiat du système. A noter, outre la présence de Ali Belhadj, celle de Fodhil Boumala, ex-animateur de la CNCD, Djahid Younsi d'El Islah, qui fait partie de l'ANC, ou encore de représentants de syndicats et d'autres partis, comme le mouvement El Infitah de Bouacha.