Des opérateurs économiques ont salué la mesure d'allègement en matière de paiement des importations des matières premières et des équipements, ainsi que des pièces de rechange, instaurée par les banques algériennes. Selon le délégué général des établissements bancaires et financiers Abef, Abderahmane Benkhalfa, la Banque d'Algérie a demandé aux banques de revoir les conditions de paiement des importations des intrants, pièces de rechange et des matières premières destinées à l'outil de production algérien. Il s'agit, selon l'Abef, de revoir le délai réglementaire de 59 jours pour le paiement des lettres de crédits, en ouvrant la possibilité aux opérateurs économiques et aux fournisseurs de négocier sur les délais de paiements, mais toujours dans le cadre du crédit documentaire. «Il ne s'agit pas d'une remise en cause du crédit documentaire, mais d'un allègement en faveur des producteurs ayant besoin d'intrants et des équipements indispensables au fonctionnement de leurs unités. Les opérateurs algériens et leurs fournisseurs peuvent s'entendre sur les délais de paiement, tout en respectant les dispositions du crédit documentaire. La Banque d'Algérie a répondu à une demande pressante des entreprises algériennes», a tenu à expliquer M. Benkhalfa, signalant que la mise en œuvre de cette disposition remonte à quelques jours déjà. Dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2009, les autorités monétaires ont ordonné aux banques de limiter à 59 jours le délai de payement différé des lettres de crédit pour les importateurs de pièces de rechanges et des intrants. Quant aux importations de produits finis, les opérateurs ont été soumis au paiement immédiat. La LFC a instauré le crédit documentaire comme seul mode de paiement des importations, notamment de produits finis, semi-finis et matières premières. Il a été institué, également, dans le cadre de cette loi, une taxe de domiciliation bancaire sur les opérations d'importations de biens ou services. Un mode de paiement préjudiciable Pour les opérateurs économiques, l'application du crédit documentaire a été préjudiciable à l'outil de production. Les trésoreries notamment des PME ont été mises à sec, avec cette obligation de paiement préalable des achats à l'international. «L'Algérie a rendu un grand service aux fournisseurs étrangers, au détriment des opérateurs locaux. Ils nous obligent à payer nos importations trois mois avant de la réceptionner. Et lorsque la marchandise est de mauvaise qualité, nous ne pouvons pas réclamer, car le fournisseur a été déjà payé», a tenu à souligner hier le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie, M. Ziad, joint par nos soins à ce sujet. Le président de l'union salue la décision de la Banque d'Algérie, tout en estimant qu'«elle va permettre aux opérateurs de reprendre graduellement leurs productions». M. Ziad a plaidé pour la suppression du crédit documentaire pour les producteurs algériens, étant donné les résultats catastrophiques de ce mode. «Le Trésor public a perdu 1,5 milliard de dinars à cause du crédit documentaire. Les entreprises du secteur pharmaceutique ont perdu également 300 millions de dinars, à cause du crédit documentaire», a ajouté le président de l'Unop. De son côté, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), Abdelaziz M'henni, a revendiqué la suppression du crédit documentaire, tout en signalant que «la flexibilité permise par la Banque d'Algérie en matière de délai de paiement des lettres de crédit est prise sans aucune concertation par les autorités monétaires, alors que le patronat est partie prenante du dialogue social avec le gouvernement». Le président de la Cipa est formel au sujet de l'impact du crédit documentaire. «Il a ruiné les entreprises algériennes. Le seuil de 2 millions DA d'autorisation d'importation urgente par an accordé aux PME productrices est insignifiant. C'est une goutte dans un océan», a-t-il estimé.