C'est une floraison de couleurs et de femmes qui émanent des tableaux de Rezki Zerarti dont la dernière exposition qui s'est tenue récemment à la galerie Art 4 you dénote d'une grande maturité picturale et témoigne d'un talent indéniable d'un artiste peintre consacré. Ayant comme viatique sa longue expérience et son incontestable aptitude, Zerarti expose des toiles nouvelles qui se circonscrivent dans la lignée de sa tendance. Chevillé au mouvement Aouchem, dont il est l'un des précurseurs et fondateurs, il s'en écarte quelque peu pour trouver sa voie. Sa trajectoire a suivi celle de l'histoire de son pays. Dans cette exposition, cette profusion de femmes aux formes angulaires, arrondies, opulentes recourbées montre un univers où la femme est le point nodal de sa peinture. De son enfance en Kabylie, il a comme souvenances ces femmes intrépides et résolues qui évoluent aussi bien aux champs qu'au foyer. Elles sont partout présentes, dynamiques travaillant et génitrices. Ce foisonnement de femmes dans ses tableaux renvoie à l'image atavique de la femme, toujours debout activant sans relâche. A ce sujet avec sérénité, il explique que «la femme est à la base de la cellule familiale, elle donne la vie». Dans ses tableaux, ces femmes omniprésentes, aux couleurs chaudes avec des prédominances de bleu, de rouge et de jaune semblent évoluer aisément dans un espace intérieur ou des verts céladon se côtoient avec du bleu. Son tracé est ferme et volontaire et ses tons nuancés. Ses thèmes récurrents ne lassent pas. Sa peinture dégage beaucoup de force, de vigueur et d'intensité. Il puise ses sujets du terroir et renvoie l'image universelle de la femme. Ces formes imprécises, fugaces, évanescentes ou parfois déterminées rappellent l'univers chamarré du style naïf, or Zerarti ne peut se cantonner dans ce mouvement, car il arpente d'autres chemins et flirte avec l'impressionnisme et le cubisme. Sa peinture plaide pour un monde enchanteur où la présence de la femme est décisive et probante. Certaines toiles s'inspirent du réalisme soviétique et emprunte à la thèse stakhanoviste la grandiloquence et l'emphase. Cet artiste peintre qui a eu un parcours hors du commun, toujours alerte malgré ses 73 ans a gardé cette fraîcheur dans sa peinture. Ses compositions diverses qui sont un hymne à la femme se déclinent dans l'appel du terroir dont la richesse est incommensurable. Son parcours atypique et sa rencontre avec Jean Sénac lui font entrevoir une carrière artistique. Maçon de métier à Aix, il s'investit par la suite dans le dessin et la peinture en s'inscrivant à des cours dans cette ville. Rentré au pays deux mois après l'indépendance, il cherche sa voie dans ce contexte social assez cahoteux. Vivant entre son village natal en Kabylie et La Casbah, il reprend son chevalet et ses pinceaux, et peint ses paysages et des instantanés de vie. Son amitié avec Jean Sénac son mentor le booste. Ce dernier le caractérise comme «la révélation artistique de l'indépendance, un visionnaire du socialisme». Ayant fait une incursion dans diverses tendances, il se crée son propre style inventif qui le définit. Son choix d'investigation est étendu, et il explore des horizons nouveaux en quête perpétuelle de cette plénitude qui caractérise sa peinture. Son œuvre pleine de sérénité est à l'image de ce talentueux artiste dont l'authenticité et l'humilité font sa force.