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L'opposition piétine à Adjedabia, les forces de Kadhafi s'acharnent sur Misrata Alors que la zone d'interdiction aérienne en Libye opérationnelle sur 1000 km
Au quatrième jour de l'intervention militaire aérienne et maritime en Libye, les nouvelles du front s'enchaînent vite. Alors que la coalition poursuivait ses bombardements, la forteresse tripolitaine de Mouammar Kadhafi a subi une seconde frappe. Le Pentagone a annoncé que la zone d'exclusion aérienne est désormais opérationnelle sur l'ensemble du territoire de la Jamahiriya ? Elle s'étendrait sur 1000 km, ce qui laisse dire à des experts militaires que toutes les défenses anti-aériennes n'ont pas encore été détruites. Pourtant, les frappes militaires de la coalition devraient baisser d'intensité dans les jours qui viennent. C'est du moins ce qu'a déclaré hier le secrétaire d'Etat américain à la Défense, Robert Gates, lors d'une rencontre à Moscou avec son homologue russe Anatoli Serdioukov. Cette baisse de régime serait-elle liée aux premiers succès rapides que les coalisés ont pu obtenir avant d'annoncer que la seconde phase de leurs opérations consisterait à couper les lignes de ravitaillement des forces loyales à Mouammar Kadhafi ? Ou est-ce à cause des critiques du front des anti-guerre qui ne se privent pas de donner de la voix alors que les divisions au sein même de la coalition internationale sont de plus en plus précises ? Chose certaine, il commence à y avoir des signes d'impatience dans les rangs de l'opposition qui ne comprend pas pourquoi l'alliance internationale tarde à intervenir sur plusieurs fronts. D'abord à proximité de la ville d'Adjedabia où les opposants piétinaient hier encore, sans tenter une avancée sur cette ville stratégique car les forces loyales y restent fortes en dépit des raids aériens de la coalition. «Nous avons besoin de la zone d'exclusion aérienne afin qu'ils frappent les blindés lourds», réclame-t-on dans les rangs de l'opposition. Soit une couverture aérienne soutenue qui leur permettrait d'aller chercher les forces libyennes où qu'elles se trouvent autour et dans la ville d'Adjedabia. Face à l'absence de progression rapide, des tensions sont de plus en plus perceptibles sur le front. Aucune structure définie de commandement ne semble en place pour guider un ensemble hétéroclite de combattants enthousiastes mais inexpérimentés. Il n'y a pas que les opposants sur le front de l'Est qui se laissent gagner par la frustration. Même coup de barre sur le front de l'Ouest. Les forces pro-Kadhafi ont une nouvelle fois bombardé hier Misrata, dernière ville encore aux mains de l'insurrection dans l'ouest de la Libye. Des blindés et des tireurs embusqués se trouvaient dans les rues de la ville et les forces loyales au régime n'ont pas été jusqu'à présent la cible des forces aériennes ou maritimes de la coalition. «Les tireurs embusqués sont partout à Misrata, ouvrant le feu sur tout ce qui bouge pendant que le monde regarde. Il n'y a pas de protection pour les civils», a regretté un médecin qui a requis l'anonymat par peur de représailles. Il est vrai que la situation ne cesse d'empirer. Cinq personnes, dont quatre enfants, ont été tuées hier par des tirs des forces fidèles au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Misrata, a affirmé un porte-parole de l'opposition. La veille, il a été fait état de 40 morts parmi les opposants. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, c'est la coalition elle-même qui a reçu son premier coup dur depuis le début des frappes. Un avion de chasse américain F-15 s'est écrasé, les deux membres d'équipage se sont éjectés et un a été récupéré, a annoncé hier le commandement américain Africom à Stuttgart, en Allemagne. «Les deux membres d'équipage se sont éjectés. L'opération pour récupérer le deuxième membre d'équipage est en cours», a déclaré Karin Burzynski, porte-parole de l'US Africa Command, qui assure la coordination des opérations depuis Stuttgart. Sur le plan diplomatique, les nouvelles n'ont pas été aussi réjouissantes. D'abord au sein de l'Union européenne où des divergences se font entendre au sujet du rôle de l'Otan : beaucoup souhaiteraient que ce soit l'Organisation qui supervise les opérations militaires. Selon Silvio Berlusconi, président du Conseil italien, «le commandement des opérations doit passer à l'Otan». De même que la Norvège, qui attend l'aval de l'Otan pour participer aux frappes aériennes. Les partisans de cette option battront-ils en retraite à présent que les marines des pays de l'Alliance se sont vus confier la mission de faire respecter l'embargo sur les armes à destination de la Libye décidé par l'ONU ? Il se pourrait que la hache de guerre ne soit pas enterrée de sitôt d'autant que certains défendent l'idée de remettre le commandement de la coalition à l'Organisation de Rasmussen quand les forces américaines viendront à le remettre. Cette fissure double qui affecte le bloc transatlantique intervient au moment où la Russie a appelé à un cessez-le-feu immédiat en Libye et à des négociations politiques. Un cessez-le-feu que le Brésil souhaite également le plus tôt possible, réitérant sa position en faveur du dialogue. Ce qui ne diffère pas trop de la position de la Chine qui a rappelé son opposition à l'usage de la force et déploré les victimes civiles des frappes aériennes menées. Elle a appelé à un «cessez-le-feu immédiat», sans préciser si elle faisait référence aux frappes de la coalition ou aux combats entre les pro-Kadhafi et ses opposants. Enfin, la Turquie, par la voix de son Premier ministre, a répété qu'elle ne participera pas à l'intervention militaire en Libye aves ses forces de combat. «Nous ne voulons pas que la Libye devienne un deuxième Irak (...)», a affirmé Tayyip Erdogan.