La Fondation du 8 Mai 1945 exige l'inscription immédiate du projet de loi incriminant le colonialisme dans les prochaines discussions parlementaires. Elle appelle les volontés nationales, politiques, associations et militants croyant en la Révolution algérienne à faire pression sur le Parlement pour faire aboutir cette revendication. C'est ce qu'a indiqué un communiqué de presse de la Fondation parvenu hier à notre rédaction. L'organisation se dit déçue par l'initiative de l'Alliance présidentielle, qui a fait «montre encore une fois d'incapacité à représenter le peuple algérien». L'organisation d'un séminaire par les partis de l'Alliance présidentielle le 17 mars à l'occasion de la célébration du 49e anniversaire du 19 mars, date du cessez-le-feu a été, selon la Fondation, «infructueuse» et «à tendance politico-politicienne». Il s'agit, ajoute le communiqué de la Fondation, «juste pour marquer un évènement sans en avoir le courage d'en découdre avec le colonialisme». Pour la Fondation, «il est incorrect et indigne pour ceux qui sont à l'origine du blocage de ce texte de loi de parler du colonialisme aujourd'hui et d'essayer de le faire comprendre aux autres». Le président de la Fondation, Kheiredine Boukherissa, a critiqué sans ménage les trois partis de l'Alliance, à savoir le FLN, le RND et le MSP. Il est inconcevable, selon la Fondation, que le RND, dont «le SG accusait les initiateurs de ce texte de loi de faire dans la surenchère, applaudisse aujourd'hui les historiens qui s'agitent pour lui expliquer les fondements et les méfaits du colonialisme». Quant au MSP, l'Organisation estime qu' «il joue à la survie politique en s'agrippant à cette fausse majorité». S'agissant du FLN, la Fondation a critiqué le président de l'APN, issue de cette formation, à savoir Abdelaziz Ziari. «A quel saint se vouer ? Les Algériens en quête d'espoir de voir à la tête de ces formations politiques des hommes dignes de les représenter et honorer par leurs positions fermes et intransigeantes les questions liées à la mémoire et aux séquelles causées par l'ancienne puissance coloniale». Selon le député et vice-président de l'APN, Sedek Chihab, le refus de la France de reconnaître ses crimes coloniaux en Algérie est dû «au chauvinisme et à l'intransigeance de la classe politique française, des extrémistes qui détiennent le pouvoir et contrôlent le système politique français». La reconnaissance des crimes coloniaux par les autorités françaises risque d'entraîner, selon le parlementaire du RND, une remise en cause de l'histoire de France enseignée aux Français et basée sur les bienfaits de la colonisation. Cet avis est partagé par le porte-parole du FLN, Kassa Aissa, qui a souligné «que le pouvoir français xénophobe n'est pas capable de dire aux citoyens français que leur armée était criminelle et a opprimé des millions de peuples pendant des siècles. C'est pourquoi il refuse de reconnaître les graves erreurs de son histoire et tente par tous les moyens (loi du 23 février 2005) d'attribuer une image irréelle à ses crimes contre l'humanité». Le président français Nicolas Sarkozy a refusé, lors d'une visite à Alger, la repentance de la France, prétextant qu'il n'était pas responsable des massacres du peuple algérien. Durant la période de 1954 à 1962, plus de 1,5 million de personnes ont sacrifié leur vie pour l'indépendance de l'Algérie.