Un manifestant est mort vendredi à Amman en Jordanie, où les forces de l'ordre sont intervenues pour mettre fin à des affrontements entre des partisans du roi Abdallah et des protestataires réclamant des réformes. Les violences ont fait également plus de 50 blessés, dont certains dans un état grave, a déclaré un médecin soutenant les manifestants. Le Premier ministre, Marouf Al Bakhit, a rejeté la responsabilité de ces violences sur des opposants islamistes à la monarchie hachémite, qui est ébranlée depuis plusieurs semaines par des manifestations en faveur d'une réduction des prérogatives du souverain. «Ce qui s'est passé aujourd'hui est le début du chaos et c'est inacceptable. Je mets en garde contre les conséquences», a dit Bakhit à la télévision jordanienne. S'adressant aux islamistes qui, selon lui, prennent leurs ordres entre autres en Egypte, il a lancé : «Arrêtez de jouer avec le feu. Je vous le demande, vers où entraînez-vous la Jordanie ?» La famille du manifestant tué a déclaré qu'il avait été passé à tabac par les forces de sécurité, mais l'agence de presse officielle Petra a écrit qu'il était mort après avoir été blessé à l'arme blanche lors des affrontements que la police tentait de faire cesser. Hussein Al Madjali, chef des forces de sécurité, a assuré que ses hommes n'avaient pas fait un usage excessif de la force et que le manifestant était décédé d'une crise cardiaque. «Les forces de sécurité n'ont rien à voir avec ça», a-t-il affirmé. Des personnalités de gauche et libérales mais aussi des notables islamistes et tribaux ont organisé ces dernières semaines des manifestations pacifiques pour réclamer une monarchie constitutionnelle en Jordanie. Pour le moment, cette agitation était restée relativement contenue par rapport aux mouvements de protestation qui secouent nombre d'autres pays arabes. Les manifestants de vendredi protestaient contre l'infiltration des partis politiques par des agents du régime et réclamaient la démission du chef du renseignement, Mohamed Rakkad. Le Premier ministre jordanien a annoncé ce mois-ci le lancement d'un dialogue national en réaction à l'appel du souverain à une accélération des réformes politiques. Mais l'opposition islamiste, principale force politique en Jordanie, a déclaré qu'elle ne participerait pas à une instance où ne serait pas discutée une réforme constitutionnelle visant à une limitation des pouvoirs du roi.