Au moins 70 personnes ont été tuées dans une explosion hier dans une usine de munitions dans le sud du Yémen, pillée la veille par des éléments d'Al Qaïda, selon un nouveau bilan communiqué par un responsable de l'administration locale. Les autorités locales de la province d'Abyane où s'est produit l'incident ont rendu Al Qaïda responsable de l'explosion, en affirmant que le réseau extrémiste avait attiré les civils dans un «piège mortel». «Le bilan s'est alourdi à au moins 70 tués», a déclaré le responsable, Mohsen Salem Saïd, membre du Conseil de la localité de Khanfar, dont dépend administrativement l'usine, et qui se trouve dans la province d'Abyane. Dans un précédent bilan, M. Saïd avait indiqué qu'au moins 40 personnes avaient été tuées et 90 autres blessées, dont des enfants, dans l'explosion. Les victimes sont des civils entrés hier dans l'usine pour tenter de récupérer des armes ou des munitions au lendemain d'une opération commando d'éléments d'Al Qaïda qui ont attaqué cette unité de production militaire et emporté des caisses de munitions. Le commando d'une trentaine de personnes cagoulées a chargé ces caisses à bord de quatre camionnettes avant de quitter les lieux sans être inquiété. Les circonstances de l'explosion d'hier n'étaient pas encore éclaircies et le bilan des victimes pourrait s'alourdir car la recherche des tués et des blessés continue sur place. Une enquête doit être ouverte mais d'ores et déjà tout laisse dire que l'explosion avait été provoquée par la poudre entreposée dans l'usine. Alors que les violences se poursuivent notamment dans le sud, les nouvelles négociations entamées le 27 mars entre le pouvoir et l'opposition pour tenter de sortir le pays de la crise ont été interrompues sans qu'aucune date de reprise ne soit fixée. Le président Saleh s'est dit prêt à quitter le pouvoir tout en assurant ses supporters qu'il est toujours là, solide comme le roc et qu'il représente un rempart contre le chaos. Partir, Saleh l'accepte et il le répète régulièrement, une façon d'apaiser temporairement la rue lorsque les contestations s'emballent. Mais en refusant tout calendrier proposé par l'opposition le président yéménite souffle le chaud et le froid et perd sa crédibilité vis-à-vis des manifestants. Autre clé de lecture du comportement changeant du président yéménite : le soutien toujours actif de Washington au Yémen, très coopératif au sujet de la lutte contre le terrorisme. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates a avoué que la mise en place d'un gouvernement plus faible au Yémen pourrait poser un «vrai problème».