Les 800 employés du Trésor public qui travaillent dans des conditions lamentables depuis plus d'une décennie sont à leur deuxième jour de grève. L'entrée du siège était fermée au public et les grévistes décidés plus que jamais à ne pas reprendre le travail jusqu'à ce que le ministre Karim Djoudi réponde à leurs revendications. En l'absence de syndicat, les travailleurs, qui ont constitué un comité ad hoc les représentant pour mener leur mouvement, ont adressé une plateforme de revendications professionnelles relative à la révision du statut particulier paru au Journal officiel du 5 décembre 2010. En avril 2010, les représentants des travailleurs, qui s'étaient présentés à l'union syndicale locale pour renouveler la section syndicale dont le mandat venait d'expirer, n'ont pas reçu de réponse, ce qui a mené à la dissolution de la section. Les membres du comité ad hoc nous ont déclaré qu'il n'y aura plus jamais de syndicat au Trésor et «nous défendrons nous-mêmes nos droits». Selon eux, le refus de relancer un nouveau mandat de la section syndicale faisait peur car tout le monde sait que les travailleurs allaient automatiquement réagir après la promulgation du nouveau statut. Le 27 février 2011, après une discussion, une grève spontanée est lancée, mais des sages ont décidé de calmer le jeu, préférant informer la direction régionale et le directeur de l'administration et des moyens. Ce dernier s'est déplacé pour rassurer les travailleurs, en leur promettant d'ouvrir des négociations dans les dix jours qui suivent, nous ont-ils dit. Ce qui a mené les employés à reprendre le travail, mais la promesse n'a pas été tenue, ajoutent-ils. Un membre de la direction a confirmé que les revendications des travailleurs sont légitimes. Il est anormal, a-t-il dit, que l'on néglige le volet formation et qu'il n'y est pas d'école, comme pour les impôts par exemple, et que le trésorier ne soit pas nommé par décret mais seulement par arrêté. En effet «il est anormal qu'un inspecteur ayant plus de 20 ans d'expérience soit moins considéré qu'un nouveau n'ayant que son diplôme, et cela sous tous points de vue, notamment le droit à l'accession à un poste supérieur». En plus, l'inspecteur expérimenté n'a pas le droit à la formation car ce volet est ignoré depuis 10 ans et il n'y a eu aucun examen depuis 7 ans, nous ont-ils affirmé. Concernant les salaires, un des agents nous a indiqué qu'un inspecteur principal fondé de pouvoir qui cumule 34 ans de travail touche un salaire net de 44 000 DA. Les travailleurs de cette institution sensée être un coffre-fort ne savent pas pourquoi ils sont méprisés et humiliés alors qu'ils gèrent les salaires des cadres de l'ANP, des ministres, les pensions des moudjahidine... Il est anormal qu'un caissier principal qui se déplace en personne pour ramener l'argent avec les convoyeurs n'ait ni l'indemnité de caisse ni la prime de risque. Il faut citer aussi le cas de ces agents de sécurité qui sont vacataires depuis plus de 15 ans alors qu'ils sont pères de familles nombreuses. En tout cas, les travailleurs sont décidés à continuer leur grève dans le calme et dans le cadre de la loi jusqu'à ce que le ministre des Finances ou au minimum le secrétaire général les écoute.