Après quatre jours d'une offensive-éclair en Côte d'Ivoire, les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), l'armée d'Alassane Ouattara, sont entrées dans la capitale économique du pays, Abidjan, et poursuivaient hier leur attaque contre la résidence du président sortant Laurent Gbagbo. Les forces de Ouattara contrôleraient 80% du territoire ivoirien. A Abidjan, des journalistes ont constaté qu'un panache de fumée s'élevait, dans la matinée, du palais présidentiel. Un porte-parole d'Alassane Ouattara a affirmé que les FRCI s'étaient emparées du siège de la Radiotélévision ivoirienne (RTI) qui a cessé d'émettre. De source militaire dans le camp Gbagbo, on a confirmé que la gendarmerie avait abandonné ses positions, mais on a assuré que la garde républicaine de Laurent Gbagbo et des jeunes en armes continuaient de se battre hier pour le contrôle de la RTI. Le siège de celle-ci se trouve non loin de la résidence de Laurent Gbagbo dans le quartier de Cocody. Selon un rapport de l'ONU que l'agence Reuters a pu consulter, les forces de Laurent Gbagbo ont levé le siège de l'hôtel du Golf où est retranché Alassane Ouattara depuis le second tour de l'élection présidentielle, le 28 novembre. Des militaires de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire ont, en outre, échangé des tirs avec des partisans de Laurent Gbagbo en divers points d'Abidjan, selon ce même rapport. Le Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a exhorté, hier, Alassane Ouattara à contrôler ses troupes en Côte d'Ivoire, d'où proviennent des informations non confirmées au sujet d'enlèvements et de civils maltraités. «Nous disposons d'informations non confirmées au sujet de violations assez graves des droits de l'homme commises par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire, les forces pro-Ouattara, en particulier dans les régions de Guiglo et de Daloa dans l'Ouest», a déclaré Rupert Coville, porte-parole de l'organisme onusien. Il a aussi fait état d'informations selon lesquelles les forces de Laurent Gbagbo auraient tué des civils. Il a rappelé aux belligérants qu'ils risquaient des poursuites devant la Cour pénale internationale (CPI). Par ailleurs, le ministère suédois des Affaires étrangères a annoncé, dans la matinée d'hier, qu'une Suédoise employée de l'ONU avait été tuée jeudi soir à Abidjan, probablement par une balle perdue. Quant au sort du Président sortant, l'un de ses représentants à Paris a affirmé que Laurent Gbagbo ne compte pas céder face à l'offensive armée d'Ouattara. Le président Laurent Gbagbo n'a pas l'intention d'abdiquer ou de se rendre à un quelconque rebelle que ce soit, a indiqué Toussaint Alain, qui a assuré être en contact régulier avec l'ex-Président. Il fait face à un coup d'Etat postélectoral d'Alassane Ouattara, qui est soutenu par une coalition internationale.» L'homme fait savoir que Gbagbo est toujours sur le territoire ivoirien sans vouloir préciser sa localisation exacte. Mais des sources concordantes ont affirmé que le couple Gbagbo a quitté le palais présidentiel. Selon un haut responsable à Paris, les forces pro-Ouattara ont investi la résidence de Laurent Gbagbo dans la nuit dans le quartier de Cocody. Le Président sortant n'y était plus. «Le plus probable est qu'il se cache dans l'agglomération d'Abidjan avec ses partisans», selon ce haut responsable.