Ce n'est une surprise pour personne, le président Obama ne fait que perpétuer la tradition US. En bon démocrate, il se doit de briguer un second mandat et cela devrait plutôt marcher. Il faut dire que le camp républicain vit une crise de présidentiables, la Sarah Paline ne serait pas tout à fait en mesure de battre l'actuel locataire de la White House. Nous ne sommes pas encore à la veille d'un show télévisé à l'américaine, mais fort de son expérience, Barack Obama n'hésite pas à avancer ses pions. Notamment en matière de politique étrangère. Il lui faut d'ores et déjà séduire l'électorat juif et de ce côté-là, le président US n'a pas le droit de faire les choses à moitié. Après le veto US au Conseil de sécurité de l'Onu, brandi contre une résolution condamnant la poursuite de l'expansionnisme israélien en Cisjordanie, le représentant du parti démocrate va devoir sortir d'autres cartes pour prouver que les quelques désaccords avec le gouvernement Netanyahou faisaient plus partie d'une brouille passagère et que la sacro-sainte alliance demeure inébranlable. Réfutant l'idée d'avoir prémédité les actuelles révoltes populaires dans le monde arabe – le Grand projet de remodelage du Moyen-Orient aurait été enterré avec le départ de Bush and Co – le président Obama vient de déclarer clairement ses intentions de paix, celles qui ont pu échapper à nos fins analystes : les révoltes dans le monde arabe ne doivent pas se limiter à un changement d'anciens dirigeants amis par de nouveaux mais la démocratisation en cours doit servir de socle à la paix au Proche-Orient. Un second mandat de quatre ans suffira-t-il à Obama pour matérialiser son discours du Caire ? On verra bien d'ici là. A court terme, le patron de la Maison-Blanche doit soigner son image et revêtir le costume du prix Nobel de la paix. Ce qui explique, en outre, le fait que le Pentagone ait décidé de céder le commandement des opérations militaires en Libye à l'Otan sur qui les pires critiques viennent de pleuvoir alors qu'un coupable est désigné quant à la non-assistance à un peuple en danger. Accusée de retarder ou de carrément bloquer l'intervention aérienne de l'Otan, la Turquie a démenti de telles allégations. Bien que l'assistance humanitaire et le rapatriement des blessés à bord de navires fassent braquer les caméras, le gouvernement d'Ankara se refuse à paraître comme «complice» des crimes du régime de Tripoli pour la simple raison qu'il cherche à obtenir le succès de sa médiation. Si tout le monde est d'accord sur le fait que la solution est politique en Libye, l'arbitrage turc ne peut être soutenu par tous. L'Occident et ses alliés arabes du Golfe seraient les plus engagés sur cette voie et les plus séduits, au-devant de la scène internationale, la diplomatie turque boucherait un coin pour le régime de Téhéran dont les ambitions régionales devraient être revues à la baisse, les monarchies du Golfe, dont les pouvoirs sont à dominance sunnite, ont tenu bon. Si l'Occident a «sous-traité» la résolution du conflit libyen, pourquoi s'empêcherait-il de le faire au Yémen ? Surtout que le président Ali Saleh, qui continue de recevoir des aides US pour la poursuite de la lutte antiterroriste, a accepté la médiation saoudienne. Ce qui ne devra pas plaire au régime iranien qui est convaincu que ce n'est pas le royaume wahhabite qui va permettre à la minorité chiite de s'installer au pouvoir au Yémen, voire faire partie d'un gouvernement d'union. Le transfert du pouvoir au vice-président d'Ali Saleh arrangerait bien donc les affaires de l'administration américaine, la lutte contre Al Qaïda n'est pas l'affaire du seul Ali Saleh. Son départ et celui de Kadhafi profiteront-ils à la paix au Proche-Orient ? Restera à Obama à imposer la démocratisation à la Syrie, chacune des réformes qu'entreprendra Damas affaiblirait davantage l'Iran voisin. Si son plan réussit, on saura au moins à quel titre le président des Etats-Unis avait reçu son prix Nobel de la paix.